Lyon 6e. Les Saints Potins, saucisse-purée en milieu chic

Le restaurant Les Saints Potins propose, notamment, un saucisse-purée très réussi.

© Pierre Ferrandis

Comme on s’en doutait un peu les Saints Potins sont situés juste à côté de l’église Saint-Pothin. La terrasse sur trottoir, ouverte depuis peu et exposée parfaitement au soleil, permet d’observer « un portique hexastyle d’ordre dorique » selon les spécialistes. Le mot « tape-à-l’œil » — faites-moi une église façon temple grec pour en mettre plein la vue aux fidèles — serait plus adapté. Nous étions là pour la spécialité d’en face. 

Ce joli bistrot, chic, mais vin à la ficelle, suggère que « si tu trouves que l’horizon n’est pas net, reste à la buvette » et ressuscite aussi une espèce il y a peu en danger : la saucisse-purée. Cette spécialité parisienne a été créée par les Auvergnats qui ont migré avec leurs saucisses et leur aligot en version simplifiée. Elle revient enfin en grâce dans le même train que l’œuf mayonnaise.

Cela tombe bien, il y en a aussi à la carte. Les deux sont très réussis, n’essayant pas de s’extraire de leurs origines bistrotières, avec mention très bien pour la saucisse qui ne fait pas de gras. Un élément essentiel de ce plat populaire est respecté : le puits, ou plutôt le cratère, pratiqué dans la purée pour contenir un bon jus de viande. Certains y verront des souvenirs de cartable et de meilleur plat de la cantine (sauf le jour des frites), une voie tangente pour oublier un temps le statut parfois encombrant d’adulte responsable. 

Accord sucré-salé aussi kitsch que délicieux

L’établissement, quant à lui, ne joue pas au caboulot des faubourgs, mais se pose plutôt comme un bistrot élégant du 6e arrondissement. Un lustre aux grandes pales cannées, évoquant un mobile de Calder et surmontant une banquette au dossier au motif pied-de-poule, fait face à un grand bar éclairé par des lustres à pampilles.

Le bleu des murs est le bon bleu qui fait chic et bon genre. On y a aussi goûté un genre de soupe minestrone de moules assez réussie et une entrée sympathique à base de chou-fleur et d’avocat en transition vers les beaux jours (sauf incident nucléaire). 

La terrine maison a du tempérament contrairement au carpaccio de radis (noirs) et de betteraves (rouges) qui s’annonçait bien, mais se révélait un peu palot. Le magret de canard à l’orange, accord sucré-salé aussi kitsch que délicieux, a bien fait de se faire exhumer par le chef Julien des années pompidoliennes qui l’avaient fait roi. Bon bistrot, bon accueil (Yannis, Lucie, Bruno, Michaël… on ne les connaît pas, mais on a pris les noms). Ici, on ne nous prend pas pour des saucisses.

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