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Le Palais de Tokyo vibre au rythme de Mohamed Bourouissa

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Publié le , mis à jour le
Le plasticien franco-algérien aux multiples casquettes (photographe, vidéaste, musicien, dessinateur, peintre et metteur en scène) prend ses quartiers au Palais de Tokyo avec son exposition « Signal » : une promenade artistique pensée comme un album de musique piqué d’amertume.
Vue de l’exposition “Mohamed Bourouissa, Signal” au Palais de Tokyo
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Vue de l’exposition “Mohamed Bourouissa, Signal” au Palais de Tokyo, 2024

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© Aurélien Mole, © ADAGP, Paris,2024

Saviez-vous que le mimosa venait d’Australie ? Qu’il fut acheminé au XIXe siècle par les routes coloniales avant de dorer le bassin méditerranéen ? Nostalgique des paysages de son enfance en Algérie, Mohamed Bourouissa en a disséminé des dizaines, empotés dans des bidons à l’entrée de sa rétrospective parisienne. Attention : « toucher les mimosas peut nuire à leur bien-être », indique-t-il sur une notice. On garde ses mains dans les poches mais on hume l’air miellé des pompons, bercé par les voix de la rappeuse australienne Nardean et de l’artiste hip-hop aborigène MC Kronic, sur les fréquences électriques des plantes transformées en son : une première invitation à tendre l’oreille.

« Au Palais de Tokyo, j’aimerais que le·a visiteur·euse se sente comme dans un album de musique », déclarait-il après sa première rétrospective, plus classique selon lui, au LaM de Villeneuve-d’Ascq terminée en janvier dernier. En somme, «  c’est une heure trente de promenade avec musique et films » entre ses hits, tels que son projet de jardin communautaire inspiré par un patient de l’hôpital psychiatrique de Blida-Joinville, et ses tracks plus récents, sculptures humaines grandeur nature ou aquarelles abstraites qu’il qualifie de « free jazz ». À mi-chemin : un musée virtuel créé avec son collectif HAWAF donne de la visibilité au travail d’artistes gazaouis. Les collaborations, sa force, se targue-t-il, lui permettent aussi d’aborder nos drames actuels, nos états d’âme.

À gauche : Vue de l’exposition “Mohamed Bourouissa, Signal” au Palais de Tokyo ; À droite : “Seum”
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À gauche : Vue de l’exposition “Mohamed Bourouissa, Signal” au Palais de Tokyo ; À droite : “Seum”

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À gauche : © Aurélien Mole, © ADAGP, Paris,2024 ; À droite : Courtesy de l’artiste et Mennour Paris © Mohamed Bourouissa / ADAGP, Paris, 2023

Tentative d’échapper à l’oppression

Au départ, il pensait même intituler son exposition « Seum », expression arabe utilisée pour exprimer une frustration, avant de la nommer « Signal » comme l’application cryptant les messages, soulevant ainsi cette difficulté – voire impossibilité – à se soustraire aux systèmes d’oppression, ici magistralement incarnée dans un film produit pour l’exposition (« Généalogie de la violence »). On y suit, le cœur battant, un adolescent palpé lors d’un contrôle de police au rythme d’une caméra qui pénètre dans les corps. Dans une autre salle, à côté de photographies : un moulage de mains tâtant un mur témoigne de souvenirs d’un trauma.

Un artiste touche-à-tout

Mohamed Bourouissa, Ma mère
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Mohamed Bourouissa, Ma mère, 2022

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Courtesy de l’artiste et Mennour Paris © Mohamed Bourouissa / ADAGP, Paris, 2023

L’intégration, le rôle des médias, les constructions culturelles sont autant de thèmes chers à ses yeux, qu’il aborde souvent en confondant fiction et documentaire. Né en 1978 à Blida en Algérie, arrivé en France à l’âge de cinq ans avec sa mère, Mohamed Bourouissa vit et travaille à Gennevilliers, en banlieue parisienne. Il a exposé dans le monde entier, de New York à Amsterdam en passant par La Havane, cultivant l’interdisciplinarité : en octobre dernier, il présentait la pièce de théâtre Quartier de femmes écrite par Zazon Castro et dont il s’est chargé de la mise en scène, tout en multipliant les projets de réalisation et de créations musicales – en quelque sorte, des stratégies de résilience.

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Mohamed Bourouissa. Signal

Du 16 février 2024 au 30 juin 2024

palaisdetokyo.com

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