Mohamed Mbougar Sarr a lu « Un tombeau pour Kinne Gaajo », de Boubacar Boris Diop

Mohamed Mbougar Sarr, écrivain, prix Goncourt 2021 pour « la Plus Secrète Mémoire des hommes » (Philippe Rey).

Mohamed Mbougar Sarr, écrivain, prix Goncourt 2021 pour « la Plus Secrète Mémoire des hommes » (Philippe Rey). CAISA RASMUSSEN/TT NEWS AGENCY VIA AFP

Critique  Le grand écrivain sénégalais Boubacar Boris Diop nous emporte dans les méandres de son pays qu’il connaît si bien. Et rappelle l’un des devoirs de la littérature : combattre l’amnésie involontaire ou délibérée par laquelle une société supprime certaines de ses figures historiques.

Au détour d’une page anodine, Boubacar Boris Diop livre peut-être la clé d’« Un tombeau pour Kinne Gaajo ». Un éphémère personnage du roman, Móodi Ba, professeur de droit maritime, est interviewé à la radio par Njéeme Pay. Le naufrage du « Joola », l’une des plus meurtrières catastrophes navales de l’Histoire, vient de se produire au Sénégal. « Professeur, quel sens peut-on donner à la couleur de l’épave du “Joola” ?  », demande la journaliste, que hante la vision de la coque couleur sang du bateau renversé. Móodi Ba répond, énigmatique, qu’« un peuple peut être frappé par le malheur et l’oublier […] Mais jamais il n’oubliera qu’il avait oublié ce malheur-là ».

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Kinne Gaajo, écrivaine et putain, meilleure amie de la journaliste, a péri dans le naufrage. Nul doute, cependant, qu’elle aurait aimé les paroles de Móodi Ba. Tout au long du roman, dont la trame suit le récit que Njéeme Pay fait de sa vie, Kinne Gaajo rappelle l’un des devoirs de la littérature : combattre l’amnésie involontaire ou délibérée par laquelle une société supprime certaines de ses figures historiques.

Ici, elles se nomment Siidiya-Le…

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