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Formation des enseignants à GenèveLe syndicat des maîtres du primaire veut des excuses

Au deuxième rang tout à droite, parmi les députés UDC, Stéphane Florey est le principal élu visé par le courrier de la Société pédagogique genevoise.

Le torchon brûle entre la Société pédagogique genevoise (SPG) et la majorité de droite du Grand Conseil. Le syndicat des enseignants du primaire s’est indigné du «caractère hautement dénigrant de certains propos» de députés tenus le 2 février, date à laquelle la droite a fait adopter le raccourcissement de la formation des enseignants du primaire.

Fer de lance du référendum lancé pour éviter que celle-ci passe de quatre à trois ans, le comité de la SPG a adressé un courrier très virulent au parlement et à sa présidente. Un courrier lu publiquement le 29 février au Grand Conseil.

Le comité se dit choqué par plusieurs interventions. Elles témoignent, selon sa présidente, Francesca Marchesini, du dédain de certains députés à l’égard du corps enseignant du primaire et de leur méconnaissance du métier.

Stéphane Florey cite Luc Barthassat

Principale cible: l’UDC Stéphane Florey. Il avait cité d’anciens propos de Luc Barthassat: «Est-ce qu’il faut véritablement un bachelor pour torcher les fesses d’un enfant?» La SPG lui demande des excuses publiques auprès du corps enseignant et «de toutes les femmes dont le travail consiste – entre autres – à «torcher des fesses».

Car, souligne la missive, ce député laisserait d’abord entendre que ce geste serait dégradant et ne nécessiterait pas de compétences, là où le «prendre soin» requiert au contraire de hautes compétences, acquises par la pratique comme par la formation. Le syndicat souligne tout son respect pour ces tâches «traditionnellement considérées comme féminines» et assumées par des professions «hélas peut-être encore plus déconsidérées que l’enseignement primaire».

La SPG en profite pour rappeler que «torcher des fesses» n’entre pas dans le cahier des charges de l’école primaire. «Ces propos traduisent principalement l’immense mépris que porte ce député aux professionnel·les, dont il s’est arrogé le droit de définir les besoins en formation, comme tant d’autres ce 2 février, sans la moindre consultation, en toute méconnaissance de cause.»

Il persiste et signe

Des excuses? Au contraire, en séance plénière, Stéphane Florey a qualifié le courrier d’«injurieux et scandaleux. Je ne retirerai jamais ce que j’ai dit et, si c’était à refaire, je le referais!» Contacté, il nous indique que le sujet est pour lui clos à propos de cette lettre «ridicule et limite diffamante».

Une réponse publique «scandaleusement choquante et outrancière», réagit la députée Verte Marjorie de Chastonay, enseignante au primaire et référendaire. Au-delà de ce député, la SPG affirme que la majorité au Grand Conseil se serait uniquement fondée «sur des dogmes».

Ainsi, toujours dans sa lettre, elle signale à la députée PLR Natacha Buffet-Desfayes que «l’enseignement, même dans les premières années, ne se résume pas à appliquer «quelques trucs et astuces». Et le MCG François Baertschi, «en affirmant que le modèle actuel ne «marche pas», dénigre l’ensemble des enseignant·es genevois·es du primaire formé·es par l’Université depuis 1996.»

«Un régime totalitaire»

En réponse, François Baertschi a lui aussi adressé un courrier au Grand Conseil, démentant toute forme de mépris. «Nous ferions preuve de dédain parce que nous ne partagerions pas les opinions de la SPG. […] La SPG a une conception particulière des débats démocratiques, vision où sont absents à la fois la liberté de pensée, le pluralisme politique et le respect de l’opinion d’autrui.»

Ce qui se rapprocherait «d’un régime totalitaire où règne la pensée unique». Et de souhaiter que le syndicat «reste dans le champ démocratique».

Dimanche, commentant les votations à l’Hôtel de Ville, le président du Conseil d’État, Antonio Hodgers, a, lui, lancé un appel au dialogue politique à Genève, où «les choses se font de manière frontale, musclée et sans concertation».

Et ce, notamment après avoir fustigé le «mépris» de certains dans le cadre de l’offensive menée par le PLR et l’UDC sur l’éducation, une offensive «qui inquiète le gouvernement». Sans être cités, les propos de Stéphane Florey ont résonné dans l’Hôtel de Ville.

Quant au référendum sur la formation des enseignants, la SPG a annoncé avoir déjà recueilli plus de 7300 signatures – 5479 paraphes valables doivent être déposés d’ici au 20 mars.