Trafic de drogue : "182 000 euros gagnés en un an pour 1000 euros investis"... le très lucratif business de la cocaïne
Roberto Saviano dresse un tableau sombre et inquiétant du trafic de drogue en Europe. L'écrivain et journaliste italien, auteur de "Gomorra", une plongée dans la mafia napolitaine, a été entendu par les sénateurs de la commission d'enquête sur l'impact du narcotrafic en France. "Les ports européens sont des gruyères" affirme-t-il.
C'est une véritable charge contre les Etats européens et un tableau sans concession que dresse Roberto Saviano, l'écrivain napolitain et spécialiste des réseaux mafieux. "La France est touchée par le narcotrafic et ses formations politiques ne s'attaquent pas suffisamment à ce problème", estime l'auteur de "Gomorra".
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Dans le cadre de ses travaux portant sur l'impact du narcotrafic en France, les sénateurs entendent, depuis novembre 2023, une série d'experts et de spécialistes qui apportent leur expérience pour éclairer les parlementaires avant le rendu de leurs conclusions, début mai. C'est donc au nom de sa connaissance des réseaux criminels spécialisés dans le trafic de drogue et de la cocaïne, que Roberto Saviano livre une sorte d'état des lieux de cette criminalité qui traverse tous les pays d'Europe et notamment les grandes villes portuaires : Rotterdam, Hambourg, Anvers.
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"Complicité des organismes financiers"
Selon l'écrivain napolitain, il est plus rentable aujourd'hui d'investir dans l'économie de la cocaïne que dans les actions Apple. Il cite comme source celles des autorités italiennes et le constat est glaçant : "Pour 1 000€ investis chez Apple, coté en bourse, cela vous rapporte 1 200€, au bout d'un an, dans le meilleur des cas. Pour la même somme investie dans la cocaïne, vous gagnez 182 000€, l'année d'après! Pour les jeunes des banlieues d'Athènes, de Naples, de Belgrade ou de Varsovie, s'ils s'investissent 5 000€ pour sortir de la misère, ils peuvent gagner jusqu'à 1 million d'€ avec la cocaïne". Une drogue qui arrive par conteneur depuis l'Amérique du Sud et ses pays producteurs (Colombie, Bolivie, Pérou) jusque dans les ports européens après un passage en Afrique équatorial occidental. "Les ports européens sont de vrais gruyères, dit-il. Certains sont très lents pour dédouaner et sont ciblés par ces réseaux criminels".
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Roberto Saviano explique comment les formalités douanières et administratives effectuées sur la marchandise sont à géométrie variable. Plus les procédures sont lentes et plus les chances de dénicher de la drogue sont nombreuses. C'est pour cette raison que les mafias tunisiennes de la cocaïne, chargées de la redistribution du produit, ont tendance à fuir les ports dont les contrôles et le dédouanement sont drastiques. "L'économie du narcotrafic est la seule que l'on peut comparer à celle du pétrole". Selon lui, le blanchiment de cette économie illicite est facilité "par la complicité des organismes financiers établis au Luxembourg, en Andorre, au Lichtenstein et à Londres".
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