Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Dépression post-partum : les pères aussi en souffrent

Les psychiatres commencent à cerner les difficultés psychiques des hommes survenant autour de la naissance de leur enfant. Ainsi, 5 % des pères seraient concernés, selon une étude française.

Par 

Publié le 26 mars 2024 à 06h00, modifié le 29 mars 2024 à 09h50

Temps de Lecture 4 min.

Read in English

Article réservé aux abonnés

A l’annonce de la grossesse de sa femme, Vincent a été très heureux. Dans les mois qui suivent, il achète un lit pour bébé, passe à la pharmacie autant que de besoin et se donne l’impression de bien se préparer. Mais quand la naissance a lieu, en octobre 2021, il ne ressent pas « l’amour automatique » qu’il aurait cru éprouver. La sage-femme lui glisse l’enfant dans les bras en disant : « C’est votre fille et c’est pour toute la vie. » La formule anodine et colossale tétanise le jeune père ; c’est à ce moment-là, confie-t-il, qu’il tombe dans « le toboggan ».

Ce Lyonnais de 38 ans (qui ne souhaite pas que son nom de famille soit mentionné) est né très prématurément. Il en a gardé une infirmité motrice cérébrale, de sévères dysfonctionnements digestifs et une fréquentation continue du monde médical. En ayant un enfant, ses problèmes de santé ont pris dans son esprit une tout autre dimension. « J’ai surfé avec la mort depuis ma naissance, mais, pour la première fois, j’étais mortel pour quelqu’un. J’avais une énorme responsabilité et peur que mon corps ne me lâche définitivement. Je me suis dit : “Je vais mourir et l’abandonner, je ne peux pas m’attacher à elle.” »

De retour de la maternité, Vincent relate la naissance à sa mère. « J’ai raconté que les infirmières étaient super, que l’hôpital était top. » Rien sur l’enfant, rien sur lui : « J’étais coupé de mes émotions. » Quand sa femme rentre à la maison, il ne conçoit pas que le nourrisson va rester au domicile. Le trentenaire, « dynamique et joyeux » en temps normal, reste prostré dans un fauteuil. Un mois et demi plus tard, sa femme est à bout. Elle a l’idée de consulter une psychiatre que le couple avait rencontrée peu avant l’accouchement. La médecin conclut à une dépression post-partum.

« Je ne serai jamais un bon père… »

Sur le coup, son patient n’y croit pas – il aurait juré que ce trouble ne pouvait toucher que les mères. Rien d’étonnant au regard du faible intérêt que cette pathologie chez les hommes a suscité jusqu’à présent dans le débat public et dans la littérature scientifique, qui compte « beaucoup plus d’articles sur la dépression des mères que sur celle des pères », selon Romain Dugravier, psychiatre au groupe hospitalo-universitaire Paris psychiatrie et neurosciences (GHU Paris) et chef de service au centre de psychopathologie périnatale de l’Institut Paris Brune (CPPB).

La situation de Vincent n’est pourtant pas isolée. La cohorte Elfe, qui suit 18 000 enfants nés en France en 2011, a permis d’en estimer la prévalence. La dépression post-partum concernerait 5 % des pères contre de 15 % à 16 % des mères, selon une étude publiée dans The Lancet Public Health en janvier 2023, consacrée aux effets du congé paternité sur la santé mentale des parents. Le questionnaire EPDS – pour « Edinburgh Postnatal Depression Scale » – a été soumis à 13 000 mères et à 11 000 pères deux mois après la naissance.

Il vous reste 60.39% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.