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Déficit public : la laborieuse conversion du RN à l’orthodoxie budgétaire

Si Marine Le Pen et Jordan Bardella font des promesses de sérieux, l’extrême droite se cantonne à ses pistes d’économies traditionnelles, jugées peu crédibles par les analystes.

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Publié le 28 mars 2024 à 10h00, modifié le 28 mars 2024 à 14h23

Temps de Lecture 4 min.

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Marine Le Pen et Jordan Bardella, à Marseille, le 3 mars 2024, pour le lancement de la campagne pour les élections européennes du 9 juin.

Fin 2023, Marine Le Pen a traversé le pont et la place de la Concorde pour se rendre rue Cambon, siège de la Cour des comptes. Au menu du petit déjeuner : un exposé sur la situation délicate des finances de la France, par Pierre Moscovici. Le premier président de la Cour entendait faire ce jour-là œuvre de pédagogie et sensibiliser la présidente du groupe Rassemblement national (RN) à l’Assemblée nationale – comme il l’avait fait avec tous les présidents de groupe. « C’était extrêmement utile, dit M. Moscovici au Monde. Chacun est resté sur ses positions, mais Marine Le Pen était intéressée par ce que j’avais à dire. » C’est que, depuis trois ans, l’aspirante à l’Elysée parle presque le même langage que l’ancien ministre des finances formé par Dominique Strauss-Kahn – signe du virage prononcé de la candidate d’extrême droite, partisane, jusqu’en 2017, de la sortie de l’euro et qui revendiquait sa convergence de vues avec les auteurs anticapitalistes Frédéric Lordon ou Jean-Claude Michéa.

Mme Le Pen, désormais, veut rembourser la dette. Elle le clame dès que possible, particulièrement dans la presse lue par les cercles de décision économique, L’Opinion en 2021, et Les Echos le 29 février. Ces gages de bonne volonté visent notamment à rassurer l’électorat âgé, qui fait encore obstacle à l’accession du RN au pouvoir. « Le RN n’a jamais réussi à obtenir ce surcroît de crédibilité sur les sujets économiques et financiers, et c’est un verrou à chaque élection, observe Brice Teinturier, directeur général délégué d’Ipsos. Si elle peut profiter des difficultés budgétaires du gouvernement, elle peine à convaincre que ses solutions seraient suffisantes et n’entre pas dans les détails. »

Il y a trois ans, Mme Le Pen avait argué de son sérieux budgétaire en rejetant l’hypothèse d’une annulation de la dette détenue par la Banque centrale européenne et liée à la crise sanitaire. Elle réitère cet engagement alors que l’endettement français revient dans le débat public, à la faveur du dérapage des comptes publics (5,5 % de déficit en 2023, avant-dernier de la zone euro). « C’est un véritable champ de ruines qu’Emmanuel Macron s’apprête à laisser à ses successeurs », déplore-t-elle dans Les Echos.

La destination est affirmée, mais sur la route du désendettement, Marine Le Pen cherche encore son chemin. « J’invite tous les économistes et experts de bonne volonté à s’emparer de ces propositions, à les chiffrer et à les compléter », conclut-elle dans sa tribune – un étrange aveu d’impuissance. Le texte lui a valu une salve de procès en incompétence dans le même quotidien, du patron de Safran Ross McInnes (« un dangereux mélange de Nicolas Maduro et Liz Truss »), de l’économiste social-démocrate Jean Peyrelevade (« alignement d’affirmations totalement idéologiques et démagogiques ») ou du ministre délégué chargé des comptes publics, Thomas Cazenave (« postures et impostures »).

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