Barack Obama partage son optimisme inquiet avec les Napoléons à Paris
L'Usine Nouvelle a pû assister à la conférence de Barack Obama devant les Napoléons samedi 2 décembre. Invité pour des remarques introductives sur la peur, Barack Obama a fait preuve d'un optimisme raisonné. Non tout n'est pas pour le mieux dans le meilleur des mondes. De graves imperfections persistent et des dangers pointent. Reste que pour l'ancien président des Etats-Unis, nous avons les moyens de changer le monde pour l'améliorer. Revigorant.
C'est à un peu plus d'une heure de Barack Obama qu'ont eu droit les membres des Napoléons et leurs invités samedi 2 décembre à l'auditorium de la maison de la radio(1), une heure durant laquelle le 44e président des Etats-Unis est venu livrer sa vision de la peur (le thème des Napoléons cet hiver).
Le moins que l'on puisse dire est qu'il s'est révélé être un optimiste inquiet. "L'espoir c'est de regarder les problèmes et être certain qu'on peut les surmonter", a-t-il expliqué à une salle conquise qui lui avait réservé une standing ovation qu'il a rapidement interrompu.
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sourceEn fin d'intervention, il a expliqué qu'il disait régulièrement à ses deux filles que si on leur demandait à quelle époque elles voudraient vivre, sans indication du pays ou du milieu où elles seraient, mieux valait répondre dans le monde actuel, qui malgré toutes ses imperfections, est moins violent et plus prospère et plus connecté même si, a-t-il concédé, "sur Twitter on peut suivre des flux de fiel et de mauvaises nouvelles".
L'Europe alliée des Etats-Unis
En filigrane, le discours d'Obama puis ses réponses au PDG d'Orange, Stéphane Richard, montre le goufre qui le sépare de son successeur (et amateur de tweets peu amènes) Donald Trump. Obama estime ainsi qu'il faut à tout prix "protéger les institutions internationales, comme l'ONU, l'Otan, l'Union Européenne". Au sujet de cette dernière, diplomate, s'il s'est enthousiasmé de ce continent dont les populations s'entretuaient il y a encore 70 ans et qui aujourd'hui vivent en paix. il a critiqué mezzo vocce le fonctionnement de la Commission "qui veut gérer les microcomportements des gens, chaque détail de leur existence". Mais Obama l'Américain estime que les Etats-Unis ont besoin de l'Europe, avec laquelle ils ont contribué à créer la plupart des institutions mutlilatérales.
Ce n'est donc pas lui qui aurait été tenté par un repli des Etats-Unis sur eux-mêmes. Tout dans son discours dit que pour lui, la seule force possible s'exerce à plusieurs et qu'il est indispensable de faire un pas pour tenter de comprendre l'Autre pour trouver une solution ensemble. "Il faut trouver des moyens d'écouter ceux qui ne pensent pas comme nous, pour trouver des compromis" a résumé l'ancien président des Etats-Unis.
L'homme fort n'a pas d'avenir
En effet, ce dernier ne croît pas que les problèmes que doivent affronter les pays occidentaux pourront être résolus par la force brute. "Le futur n'appartiendra pas à l'Homme fort et puissant. Non le futur sera dans le développement des libertés individuelles et le respect de l'état de Droit. C'est notre seul choix possible", a-t-il déclaré.
Là où il s'est peut être révélé le plus inquiet c'est à propos de l'économie et de la démocratie. Barack Obama a mis en garde sur les risques de développement des inégalités, qui, estime-t-il, font courir un risque au monde. Il est revenu à plusieurs reprises sur ce point. Les évolutions technologiques, qu'il regarde d'un oeil bienveillant même s'il n'en ignore pas les menaces, doivent faire l'objet de toutes les attentions. La robotisation, l'intelligence artificille remettent en cause la production de biens et de services et donc la distribution des revenus. "Il faudra faire en sorte d'avoir une économie qui donne du travail à tous" a-t-il souhaité. Mais si à court terme des dangers plânent, Obama voit dans l'histoire des raisons d'espérer : "nous vivons une période de transition comme cela s'est déjà produit avec l'industrialisation ou l'apparition de la télévision (...) Dans ma vie, j'ai vu l'espérance de vie augmenté de vie de 20 ans et l'extrême pauvreté être divisée par deux dans le monde".
Menaces sur la démocratie et l'économie
Au chapitre des menaces, il a cité le réchauffement climatique, donnant à cette occasion un accessit aux Français : "c'était juste après les terribles attentats que vous aviez vécus, et tout le monde s'est réuni ici à Paris pour parler de l'avenir de la planète et aboutir à une accord ambitieux. Il faut avoir cette détermination à montrer que rien ne nous arrêtera à travailler à un futur meilleur".
Il a aussi livré une sorte de discours de la méthode du leadership face à la peur. Pour Obama, il ne faut pas vouloir construire à tout prix la solution parfaite et idéale. Non, de ces deux mandats à la tête de la première puissance mondiale, Obama a retenu qu'il fallait faire tous les petits pas possibles, pour avancer ses pions. Tant pis si on n'arrive pas au résultat ultime, ce qui compte c'est d'avoir fait deux pas en avant, même s'il faudra ensuite reculer d'un. Une manière comme une autre de dire que quoique Trump défasse de son action, les progrès qu'il estime avoir accomplis ne pourront pas être complètement effacés.
(1) Pour spéciale qu'elle fût, cette session des Napoléons ne dérogeaient pas à la tradition de cette association qui se définit comme un "réseau social dédié à l'innovation", puisqu'outre le 44e président des Etats-Unis, les participants ont assisté à un mini concert de Juliette Armanet, à un dialogue philosophique avec Mathieu Potte-Bonneville et à un entretien avec la photographe de guerre, Véronique de Viguerie.
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