Le "pays des Dieux". Au Japon, les mythes font partie intégrante de l’histoire du pays. En mettant un pied à Izumo, située à une centaine de kilomètres au nord d’Hiroshima, deux choses interpellent. D’abord, l’ouverture sur la mer du Japon, à l’ouest du pays, que peu de visiteurs voient lors d’un séjour plus traditionnel passant par Tokyo, Kyoto et Osaka. L’autre, plus amusante : l’omniprésence de lapins, en statuette ou divers goodies dans les boutiques - une référence au lapin nu sauvé par le dieu d’Izumo, Okuninushi. Car au pays du soleil couchant, tout a une signification.  

La préfecture de Shimane est l’arrêt final idéal pour les amoureux de belles légendes. La signification d’Izumo, "l’apparition des nuages" prend tout son sens en fin de journée, lorsque le soleil se couche sur la mer, à quelques pas du plus vieux sanctuaire du pays.

Vidéo du jour

La ville tient une place particulière dans les cœurs des Japonais·es, car c’est ici que les dieux (les kamii) du shintoïsme (la plus ancienne religion du pays, introduite avant le bouddhisme) se réunissent pour décider du destin des hommes durant l’année à venir.

Pour une immersion garantie dans la spiritualité japonaise et des paysages différents de ceux du Kansai, y séjourner trois jours est un bon compromis. Voici notre carnet d’adresses.

1/7

Visiter Izumo Taisha (et les autres sanctuaires des environs)

Pauline Weiss

C’est la raison pour laquelle les Japonais viennent à Izumo. La ville abrite le plus vieux sanctuaire du pays, et le deuxième le plus important après celui d’Ise (côté océan Pacifique).

Sa date de construction, incertaine, remonterait au VIIe siècle, mais sa structure actuelle, à 1744.

Même après avoir visité des dizaines de sanctuaires, en découvrir un nouveau est un enchantement, surtout si un guide local vous accompagne (nous le recommandons pour les visites les plus importantes).

Le dieu Okuninushi, vénéré pour l’agriculture, la médecine et l’unité est le maître des lieux.

Après avoir passé le torii, le portail marquant le passage du monde profane au monde sacré, à l’entrée, la tradition veut que le visiteur dise bonjour au dieu en s’inclinant deux fois, puis en tapant quatre fois dans ses mains avant de s’incliner une dernière fois.

En remontant l’allée centrale en pente (fait rare, la tradition veut en général que l’on monte vers les dieux), Izumo Taisha impressionne par la taille de sa corde sacrée (shumenawa), un symbole à retrouver dans tous les sanctuaires shinto de l’archipel, faisant 5,2 tonnes.

Sur les traces d’Okuninushi, aussi le dieu des mariages heureux, il n’est pas rare de croiser des couples en séance photo.

Pour en savoir plus sur l’importance du lieu, le musée départemental d’histoire de l’ancien Izumo, se trouvant à quelques pas seulement, instruit sur le quotidien des habitants de la localité et les mythologies qui les entoure.

L’immersion spirituelle continue en direction des autres sanctuaires des environs, à commencer par Susa, où Susanoo, le dieu des tempêtes est vénéré et où plusieurs cérémonies se déroulent dans l’année. Sortir d’Izumo consiste aussi à tomber sous le charme des rizières, piliers de la production agricole locale. Le sanctuaire de Susa est saisissant pour sa portée énergétique : il suffirait de toucher le vieux cèdre de 1300 ans pour en ressentir les bienfaits. Le boucle se termine par le charmant sanctuaire de Nagahama célébrant le dieu Yatsukamizuomitsunu.

2/7

Prendre le temps de découvrir le cœur de la ville, et y passer une nuit

Pauline Weiss

Il serait dommage d’aller d’un point A à un point B sans flâner au cœur d’Izumo, dont la quiétude vous surprendra peut-être si vous venez d’une grande ville. L’artère principale de Shinmon street, reconnaissable avec ces deux torii à chaque extrémité, abrite uniquement des magasins indépendants. Thé vert d’Izumo, poterie, encens spécial "matchmaking"... C’est ici que vous trouverez vos meilleurs souvenirs.

Au milieu de la longue rue, le boutique-hôtel Kararako, ouvert fin 2023, séduit pour son architecture contemporaine en bois – dont l’impressionnant escalier en spirale - revisitant les traditionnels ryokans avec des éléments d’artisanat local. Toutes en sobriété, avec du bois et une unique couleur, le blanc, les chambres reprennent les codes du minimalisme si cher au Japonais, avec des éléments décoratifs typiques que vous trouverez dans chaque habitation, comme le shoji et le tatami. Le plus ? Un onsen - bain chaud thermal japonais - privé situé sur la terrasse de certaines chambres.

Pour descendre dîner au Yaku, portez, comme l’hôtel le suggère, votre yukata – un vêtement décontracté en coton ressemblant à un kimono - fourni pour chaque invité. Le restaurant présente une cuisine japonaise raffinée supervisée par un chef étoilé de Kyoto. À noter : des logements plus économiques se trouvent à Izumo, mais les ryokans sont peu nombreux.

Hôtel Kararako
1369-1 Taishacho Kizukiminami

Izumo, Shimane 699-0711

3/7

Goûter les spécialités locales

Pauline Weiss

Prisé pour sa gastronomie saine, le Japon souffre bien souvent des clichés culinaires. Si les spécialités salés sont souvent les plus recherchées, les bouches sucrées ne seront pas déçues – à condition d’être prêtes pour de nouvelles saveurs.

À Izumo, goûtez le Zenzaï, une soupe sucrée à base de haricots azuki avec des mochis cuits. L’adresse locale revisite aussi les autres saveurs incontournables comme le matcha et la fleur de cerisier. 

Pour le déjeuner, goutez le poisson-globe, que vous retrouverez dans plusieurs villes côtières du pays, au restaurant Kanunrou. Les Izumo soba, plat traditionnel au sarrasin, font partie des plus reconnues du pays, et se dégustent un peu partout, dont au Yakumo.

Sakaneya Zenzaimochi
840-1 Taishacho Kizukiminami
Izumon Shimane 699-0711 

4/7

S'instruire sur le saké

L’image qu’ont les touristes français du saké est souvent mauvaise. Il ne s’agit pas un digestif à servir en fin de repas, mais de la boisson la plus répandue au Japon consommée en mangeant (au même titre que le vin en France).

Considérée comme le berceau japonais du saké, où les dieux se sont retrouvés pour le brasser il y a des milliers d’années, Izumo bénéficie d’un terrain privilégié, fertile et humide.

Pour comprendre comment le riz est choisi, conservé, poli, fermenté avant de devenir du saké, rien de mieux que de visiter l’une des brasseries traditionnelles. À une vingtaine de minutes du centre-ville, l’entreprise familiale Izumo Fuji, active depuis 1939, perpétue la méthode ancestrale de brassage à la main avec ses six salariés dédiés à la tâche.

Les plus curieux poursuivent leur chemin jusqu’au sanctuaire Saka jinja, dédié au dieu du saké, le seul du pays ayant une licence pour faire un saké non-filtré, utilisé dans les rituels shinto.

Pour vivre une expérience inédite autour du saké, venez en octobre pour le festival Kamiari. Encore une légende selon laquelle les dieux se rassemblent pour accomplir des rituels divins, suivie d’une célébration du saké.

Fuji Sake Brewing Co.
1403 Imaichi-cho

Izumo, Shimane, 693-001Pour une initiation et dégustation, prendre contact sur le site.

5/7

Faire le plein de céramique japonaise

Pauline Weiss

Un voyage au Japon n’est pas complet sans un tour dans un atelier (ou au moins, un magasin) de céramique locale.

Forme d’art ancestrale du pays, elle incarne l’une des caractéristiques majeures de l’artisanat local : l’art de l’imparfait.

Fondé en 1947, Shussaigama est toujours un lieu de référence pour la poterie locale.

Demandez à visiter l’atelier en prenant contact en amont, avant de faire un tour dans la grande boutique proposant des assiettes, bols, tasses, vases, saladiers…

Si nous avions un seul conseil à vous donner ? Prévoyez de la place dans vos valises.

Shussaigama
3368 Hikawacho Shussai

Izumo, Shimane, 699-0612

6/7

Dormir face à la mer

Pauline Weiss

En voyant ces images, on peine d’abord à croire que cet hôtel se situe face à la mer du Japon.

Ouvert en 2023 sur la côte d’Izumo, The Cliff brille par son architecture bétonnée quasi futuriste. L’établissement ne compte que huit chambres (et une villa), mais toutes disposent d’un panorama exceptionnel avec une vue directe sur les vagues impétueuses et une terrasse munie d’un jacuzzi.

La parenthèse enchantée est assurée et se prolonge au sauna, aussi construit face à la mer.

La carte du restaurant est moderne, avec un menu en sept étapes, mêlant saveurs japonaises et européennes.

Le clou du spectacle est sans aucun doute le petit-déjeuner traditionnel (en veillant à demander au personnel d’être installé le long de la baie vitrée).

Hôtel The Cliff
1870 Kamura, Taki-cho

Izumo-shi, Shimane, 699-0901

7/7

Admirer un coucher de soleil sur la plage Inasa

Pauline Weiss

Commencer ou finir un séjour en admirant le coucher de soleil sur la plage Inasa est un immanquable. Puisqu’elle figure dans le classement des cent plus belles plages du pays et qu’Izumo Taisha est juste à côté, il n’est pas rare de voir des couples y faire leurs photos de mariage.

C’est là que les divinités arrivent à l’automne pour célébrer le rite de Kamimukae et sûrement ici aussi que les visiteurs tombés amoureux du Japon font la promesse d’y revenir.

Comment aller à Izumo ?

Depuis la France, optez pour un vol direction Osaka (la compagnie taïwanaise Eva Air propose des allers-retours à un prix attractif avec deux bagages en soute, à partir de 878 euros).
Prenez ensuite un vol interne Osaka-Izumo d’une heure ou le train (quatre heures depuis Osaka, six heures de Tokyo). 

La Newsletter Époque

Phénomènes de société, reportages, people et actualités... l'air du temps décrypté.