Visite exclusive, en vidéo, du château Mermoz, retenu parmi les 18 sites exceptionnels du Loto du Patrimoine
Le tableau est idéal, bien que très loin de tout. Rocquigny, 680 âmes, un vaste centre bourg aéré, ses commerces de proximité (un multiservices, un café et bientôt un charcutier), une église fortifiée et des sentiers de randonnée que l’équipe municipale tient à valoriser.
À deux pas de la mairie justement, au milieu d’un parc vert passé de 1 à 3 hectares grâce à des échanges parcellaires entre riverains, le « château Mermoz », en réalité une imposante maison de maître, se dresse sur ses briques historiques et locales. Il a été acheté par la commune en 2008, pour 80 000 euros et depuis, est resté dans son jus.
Deux associations patrimoniales
« Soit on y mettait un coup de bulldozer, soit on essayait d’en faire quelque chose : on a choisi la deuxième option. » Philippe Pampagnin, efficace et concis, préside, à Rocquigny, les deux associations patrimoniales des Racines et du Château de Mermoz. Si la première vise à entretenir la mémoire documentaire de l’aviateur, connu ici pour avoir passé son enfance chez ses grands-parents à Mainbressy, la seconde porte le lourd projet de réhabilitation de la bâtisse, achetée par Jean Mermoz à sa mère en 1933.
La mission patrimoine peut nous allouer, au maximum, 500 000 euros. Il faudra aller chercher le reste chez les mécènes et les amateurs d’aviation
« Je suis très attaché à cette histoire, détaille Philippe. Gabrielle Mermoz a soigné mon grand-père, à l’époque, et l’a fait libérer à Rethel lorsqu’il a été attrapé par les Allemands. » Pour le village, le château Mermoz est plus qu’un symbole. « Ça représente quelque chose », ajoute le maire Serge Labie.
D’aucuns envisagent même d’en faire un projet économique à part entière : une audace aussi folle que de décoller du sol pour traverser l’Atlantique – où le pilote s’est abîmé en 1936. Quelque 88 ans plus tard, il est temps de rafraîchir sa mémoire et d’envisager la suite.
« Quelques travaux à prévoir »
Il s’agira donc de maintenir le château en vie, voire de le ressusciter. « Effectivement, il y a quelques travaux à prévoir », s’amuse Philippe en pénétrant dans la bâtisse. Budget prévisionnel : quelque 6,3 millions d’euros, que le Loto du Patrimoine, en septembre, devrait contribuer à financer. « Les gens devront jouer massivement les 21 et 22 septembre. La Mission Patrimoine, qui a retenu le dossier au titre de notre projet patrimonial et économique, peut nous allouer jusqu’à 500 000 euros. Le reste, nous irons le chercher auprès des mécènes et notamment des fondations qui gravitent dans l’univers de l’aviation, Dassault par exemple. »
Et l’intérieur ne diffère guère de ce qu’on pourrait attendre d’une maison en ruine – voire d’un complet taudis. Les fenêtres sont brisées, les planchers parfois éventrés et les radiateurs, cassés. Ici, une cheminée. Là, une ancienne fontaine d’ornement. Plus loin encore, un bidet. Des papiers peints d’un autre temps et des escaliers, eux, en parfait état.
400m² sur trois niveaux
« On va les conserver, et tout ce qu’on pourra », poursuit le guide. En arpentant les 400 m2 sur 3 niveaux, voire 4, Philippe Pampagnin, accompagné par le maire, se projette. Le projet sera d’en faire un gîte (et/ou des chambres d’hôtes) : deux logements accessibles au rez-de-chaussée, 5 ou 6 chambres aux étages, une salle de réception chic et un musée consacré à Mermoz et Albert Caquot. « L’association du Château de Mermoz portera intégralement la gestion, emploiera le personnel, organisera l’accueil… La mairie ne déboursera pas un centime. »
