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Les religieux ont-ils leur mot à dire sur le projet de loi fin de vie ? Le débat entre Pierre Juston et Matthieu Rougé
Pierre Juston et Matthieu Rougé.
© Crédit photo : Déborah Fort/AFP

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Les religieux ont-ils leur mot à dire sur le projet de loi fin de vie ? Le débat entre Pierre Juston et Matthieu Rougé

Débat

Propos recueillis par et Isabelle Vogtensperger

Publié le

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Pierre Juston et Matthieu Rougé : le premier est un fervent laïque, engagé à l'Association pour le droit à mourir dans la dignité. Le second est évêque de Nanterre. Tous les opposent sur le sujet, mais « Marianne » les a réunis pour débattre du projet de loi prévoyant une « aide à mourir » annoncé par Emmanuel Macron.

La loi sur l'aide à mourir annoncée par Emmanuel Macron contente-t-elle les partisans du droit à mourir dans la dignité, comme Pierre Juston, administrateur de l'ADMD (Association pour le droit à mourir dans la dignité), connu pour ses travaux et son engagement sur la laïcité ?

Justement, la fin de vie est-elle un combat laïque ? L'immixtion du religieux et de figures religieuses dans le débat, comme Matthieu Rougé l'évêque de Nanterre, est-elle souhaitable ? L’aide à mourir relève-t-elle de la fraternité ? Et de quelle fraternité parle-t-on ? Un laïque et un évêque, Pierre Juston et Matthieu Rougé, aux positions antagonistes sur le sujet, en débattent.

Marianne : Le président Emmanuel Macron, dans l’entretien qu’il a accordé aux journaux La Croix et Libération, explique qu’il s’agit de « regarder la mort en face ». Il annonce pour avril un projet de loi prévoyant une « aide à mourir » sous « conditions strictes ». Que vous inspire cette annonce ? Y êtes-vous favorables ?

Matthieu Rougé :« Regarder la mort en face », ce qui n’est pas facile, est en effet décisif pour vivre à la hauteur et à la profondeur de la condition humaine. La société contemporaine a la tentation constante de congédier la mort en rêvant d’une immortalité numérique ou en limitant au maximum la dimension rituelle et humanisante du deuil. Mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit dans le projet de loi présenté par le président de la République.

Ce dont il est question, c’est la réponse collective à la fin de vie et aux souffrances qu’elle engendre : sujet évidemment très lourd que l’on ne peut aborder qu’avec une grande gravité et une très attentive prise en considération des personnes immédiatement concernées.

Avec l’ensemble des évêques de France, avec de nombreux soignants, avec beaucoup d’autres croyants et non croyants, nous regrettons cependant vivement qu’une véritable priorité ne soit pas donnée aux soins palliatifs et nous sommes clairement opposés à la légalisation annoncée d’un mélange d’euthanasie et de suicide assisté.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne