Le film Kirikou et la sorcière restera un des grands succès d’une coproduction luxembourgeoise. Premier long métrage de Michel Ocelot, le film remporte un succès critique et commercial inattendu, avec près d'un million d'entrées au cours de sa première exploitation en France. Ce succès aura d’ailleurs une influence très positive sur le développement de l'industrie de l'animation et sur le financement d'autres longs métrages animés au cours des années suivantes.

Pourtant, le pari était loin d’être facile: il a fallu deux ans pour mettre en place le financement du film (25 millions de francs français d'alors, soit 3,8 millions d'euros) et pas moins de huit coproducteurs, dont le luxembourgeois Monopoly (Paul Thiltges) qui avait déjà à son actif le très poétique La Freccia Azzura d’Enzo d’Alo (1997). Cependant, la production du film est éparpillée entre six studios situés dans autant de pays: Paris, Riga, Budapest, Bruxelles, Angoulême et Dakar.

Au Luxembourg, les studios Tiramisù de Esch-sur-Alzette ont travaillé pendant plus d'un an sur les décors du film qui ont d’ailleurs été réutilisés dans les suites de Kirikou. Les éléments véridiques de la faune et flore africaine ont été peints à l’acrylique pour être ensuite assemblés dans une gigantesque base de données pour devenir des décors à couper le souffle que nous voyons dans le film. C’est la première fois que cette technique a été utilisée dans l'animation. De plus une version luxembourgeoise du film a été enregistrée.

À l’époque, le secteur de l’animation au Luxembourg est très discret (en 2002, il représentait 13% des CIAV, contre 30 à 40% des aides actuelles) et travaille beaucoup en sous-traitance pour des séries télévisées. Cela a permis aux animateurs de se faire la main et une réputation, ce qui explique les succès d’aujourd’hui.

Kirikou et la sorcière a remporté de nombreux prix, dont celui du meilleur long métrage d'animation au festival d'Annecy.

Kirikou et la sorcière

Réalisation: Michel Oncelot
Production: Les Armateurs, Odec Kid Cartoons, Monopoly Productions
Durée: 74′
Avec les voix de: Antoinette Kellermann, Theo Sebeko, Fezele Mpeka

Résumé: Une femme enceinte est assise dans une case. «Mère, mets-moi au monde» demande une voix. Et la mère répond qu'un enfant capable de parler dans le ventre de sa mère est également capable de se mettre lui-même au monde. Le minuscule Kirikou surgit alors d'entre les jambes de sa mère et s'étonne immédiatement du fait qu'il n'y ait pas d'homme au village.

La mère raconte alors que tous les hommes ont été enlevés par la méchante sorcière Karaba qui tyrannise le village. Kirikou se met immédiatement en route pour aller rendre visite à la sorcière. Il veut savoir où sont les hommes, comment on peut les libérer et pourquoi Karaba est méchante. Résolu, le petit bonhomme qui n'a peur de rien s'en va voir son vieux grand-père qui habite dans la grande montagne derrière le royaume de Karaba.

Après avoir surmonté bien des épreuves en route, il arrive près du vieil homme qui lui révèle que Karaba est devenue méchante par la souffrance qui l'accable: une grosse épine est enfoncée dans son dos. Kirikou retourne donc chez la sorcière, enlève l'épine et voit Karaba se transformer en belle femme. Les hommes qu'elle avait transformés en statuettes sont libérés. Elle embrasse Kirikou et celui-ci grandit pour devenir lui-même un beau jeune homme. Il emmène Karaba au village et l'épouse.