Cette infographie a été conçue et réalisée par Catherine Doutey, infographiste à Courrier international. Elle s’appuie sur l’édition 2023 du rapport de la commission européenne “Chiffres clés de la chaîne alimentaire européenne”. Elle permet d’éclairer la situation des agriculteurs dans un contexte de protestations qui dépasse les frontières françaises.

En Europe, les terres utilisées pour l’agriculture couvrent plus d’un tiers (38,4 %) de l’ensemble des terres. Cette représentation permet de voir en un coup d’œil qu’un petit nombre d’exploitations gèrent une grande part des surfaces agricoles utilisées (SAU) de l’Union européenne. D’après les données du rapport, datant de 2020, la taille moyenne des exploitations était de 17,1 hectares.

En réalité, la grande majorité (63,8 %) sont de petite taille, moins de 5 hectares, tandis que les exploitations d’au moins 100 hectares représentaient 3,6 % du total. En d’autres termes, le modèle agricole européen s’appuie essentiellement sur quelques grosses fermes exploitant 51,8 % des SAU. Et cette tendance s’est accentuée. Entre 2010 et 2020, ce sont surtout les grandes exploitations qui ont progressé, essentiellement en avalant les plus petites.

Les prix à la production ne cessent de grimper

Ces données permettent également de constater que le secteur agricole est vieillissant et loin d’être paritaire. Les conditions y sont plus rudes qu’ailleurs : on y travaille en moyenne 41,2 heures par semaine, contre 35,9 heures en moyenne dans les autres secteurs ; 27 % des travailleurs effectuent de longues journées, travaillant plus de 49 heures par semaine. Surtout, les accidents mortels y sont surreprésentés : 4,53 pour 1 000 accidents du travail, contre 1,76 pour 1 000 ailleurs.

Même si, en décembre 2023, les prix des produits agricoles à la production avaient diminué de 7,8 % sur un an selon l’Insee, le rapport montre, lui, que la tendance est à la hausse depuis longtemps. Cette infographie ne présente qu’un échantillon de produits agricoles, mais tous présentent une augmentation des prix à la production entre 2015 et 2022.

Les céréales et les oléagineux sont ceux pour lesquels ces prix ont le plus fortement progressé. Et la guerre en Ukraine, qui a démarré en février 2022, n’a fait qu’empirer les choses, l’Ukraine et la Russie figurant parmi les plus grands exportateurs de blé.