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FC Nantes : Thierry Tissot, l'envol d'un supporter canari pas comme les autres

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Il incarnait les valeurs qui avaient hissé le FC Nantes sur le toit du football français. Thierry Tissot est mort, ce dimanche après un long combat contre la maladie. Amoureux des Jaunes, adepte du collectif et ennemi du "je", le président d'Activ Nantes était plus qu'un simple supporter.

Président emblématique des Activ Nantes, Thierry Tissot s'est éteint, ce dimanche à l'âge de 50 ans. Président emblématique des Activ Nantes, Thierry Tissot s'est éteint, ce dimanche à l'âge de 50 ans.
Président emblématique des Activ Nantes, Thierry Tissot s'est éteint, ce dimanche à l'âge de 50 ans. - DR

La place E4 p219 est orpheline de son fidèle abonné. Ses voisins ne croiseront plus son sourire si communicatif et ne l'entendront plus pester à chaque centre raté. Les adhérents d'Activ Nantes ne pourront plus s'arrêter à côté de son SUV, garé sur le parking de la Beaujoire, pour échanger quelques mots, récupérer une place ou poser des questions. Le FC Nantes et ses supporters pleurent, ce dimanche, la mort de Thierry Tissot. Le président d'Activ Nantes, 50 ans à peine, a fini par perdre son bras de fer face à ce foutu crabe. Mais son énergie, pour fédérer, organiser le déplacement de centaines de supporters chaque quinzaine et œuvrer au retour d'un club aux valeurs d'antan lui survivra.

Le FC Nantes et Thierry, une histoire d'amour commencée gamin

L'homme était un fan de Lewis Hamilton, "personne n'est parfait", lui rappelait son fils. Il était surtout un être à part, un visage familier, un serviteur infatigable pour les habitués des travées du stade Louis-Fonteneau. Ces dernières semaines, l'abonné 109.971 avait déserté le siège qui le supportait depuis tant d'années, à bout de force, et son absence avait été remarquée. En atteste la banderole déployée par les supporters canaris en seconde période à Lorient, le 24 février dernier : "Thierry la BL pense à toi !" Cette attention et le flot de messages qui lui étaient ensuite arrivés avaient fait couler quelques larmes. Aujourd'hui, ce sont les nôtres qui ruissellent, en même temps que la gorge se noue et la tête se secoue comme si elle ne voulait pas y croire.

Cet informaticien était tombé amoureux des Jaunes gamin. Il était de ceux qui avaient assisté au premier couronnement de la bande à Henri Michel et Maxime Bossis en Coupe de France, en 1979 au Parc-des-Princes. "Au retour en train, on n'avait pas eu le temps d'acheter de billet parce-que les guichets étaient fermés et il avait peur qu'on se prenne une amende", racontait sa mère, pharmacienne historique du FC Nantes, 2 rue de Talensac. Depuis la claque de 1983 face au Paris-Saint-Germain, il s'était juré de ne jamais retourner voir le FC Nantes s'il arrivait en finale. Et puis est arrivé 2022, la magie Jaune au stade de France qui l'a convaincu de faire à nouveau le voyage après avoir magistralement organisé le transport de plusieurs centaines d'aficionados. "Heureusement que nous, supporters, avions joué notre match avant et avons montré la force qu'il y avait à Nantes", me glissait-il quelques minutes après la déroute contre Toulouse.

La transmission et le collectif comme valeurs cardinales

Convaincu que ce FC Nantes, propriété de Waldemar Kita, n'était qu'une parenthèse sombre dans la grande histoire de la Maison jaune qui a soufflé ses 80 bougies l'an passé, Thierry Tissot est un des premiers à avoir rejoint le Collectif nantais. Au fur et à mesure des réunions, il avait fait la connaissance d'amis, et de joueurs qu'il adorait, Mickaël Landreau en tête. L'ex-capitaine emblématique de Nantes lui avait même offert un de ses maillots de l'Equipe de France que Thierry Tissot s'était empressé de mettre sous cadre et d'accrocher dans le salon. L'homme était un nostalgique du FC Nantes d'Arribas, Suaudeau et Denoueix. Mais il n'était pas de ceux qui criait à tout bout de champs que c'était mieux avant. Non, il se retroussait les manches pour que demain soit encore meilleur qu'hier, sous les yeux de son futur, ses deux enfants eux aussi abonnés.

Il aura fait passer Activ Nantes d'une association moribonde et ringarde à la première en nombre d'adhérents en l'espace de quelques années. Il était aussi devenu une voix familière pour tous les auditeurs de France Bleu Loire Océan, les soirs de match. Son humour aussi acerbe que piquant que l'on se délectait d'écouter aurait pu lui valoir une chronique hebdomadaire : "le Tissot Show". La passion avec laquelle il racontait la Maison jaune nous enlevait quelques rides et nous emplissait d'une certaine émotion. Thierry Tissot laisse un grand vide, un silence assourdissant. Il est parti rejoindre ceux qui ont fait partie de la grande histoire du FC Nantes. Parce qu'il en fait également partie.

À Jean-Marie son père, Aline sa mère, Isabelle sa sœur, Amaury et Emilie ses enfants, France Bleu Loire Océan leur adresse ses plus sincères condoléances. Adieu Thierry, adieu mon pote.

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