C’est un curieux petit bâton de la taille d’un rouge à lèvres. Ses quatre faces aux arêtes arrondies sont revêtues d’une peau veloutée grise, qui ne déparerait pas un rat des villes. Quézako ? Rien de moins qu’un flacon vaporisateur de « nettoyant pour écran, combiné à une housse en microfibre », clame l’étiquette estampillée du logo de Volkswagen. Un coup de « pchit », quelques passes pour essuyer, et voilà ! Les traces de doigt ont disparu.
Le constructeur allemand a discrètement glissé cet accessoire devenu indispensable dans le bac vide-poche de la Passat qu’il nous avait confiée, le temps d’un essai. Un moyen subtil de nous suggérer de nettoyer la tablette tactile avant de la photographier. Car on ne voit qu’elle, qui trône au centre de la planche de bord de la Passat.
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La tablette tactile à écran auto nettoyant reste à inventer
Ce vaste écran de 15 pouces de diagonale assure le spectacle : son interface numérique livre accès à une quantité vertigineuse de fonctions de sécurité et de divertissement. Les plus employées sont accessibles d’un clic, quand les autres sont enfouies dans les méandres des sous-menus. Fatalement, chaque manipulation laisse une empreinte digitale qui s’ajoute aux précédentes, jusqu’à composer une constellation honteuse. Peu ragoûtant.
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Les automobilistes les plus maniaques ont pris l’habitude de passer un coup de chiffon sur leur écran, parfois imbibé d’une solution nettoyante. Mais sont-ils certains que leur geste est inoffensif pour l’électronique ?
Renault OpenR-Link : mode de nettoyage de l'écran tactile. Avant d'appliquer un chiffon microfibre sur l’écran, il est recommandé d'effectuer un appui court sur la commande 1, puis d'appuyer sur « Ecran de nettoyage » 2. Crédit: Renault Communication
La question mérite d’être posée car, contre toute attente, les instructions d’entretien diffèrent, d’un constructeur à l’autre. Or, il faut savoir que « le nettoyage peut endommager les traitements anti-reflet » si les bons produits ne sont pas employés, met en garde Renault.
L’automobiliste est condamné à vivre avec les conséquences de ses actes, car seuls quelques ateliers indépendants spécialistes du reconditionnement des produits électroniques acceptent de se lancer dans le démontage d’un système d’info-divertissement, pour ne remplacer que son écran. Les constructeurs, eux, se contentent de remplacer l’appareil en entier, pour un coût qui varie entre « plusieurs centaines et plusieurs milliers d’euros, selon la complexité de l’appareil », avance un équipementier.
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Certains écrans se nettoient à sec, d’autres avec une solution
Quand les marques du groupe Volkswagen (dont Porsche) et celles du groupe Stellantis (Peugeot, Citroën, Opel, DS) encouragent l’emploi d’une solution nettoyante avant l’essuyage à la microfibre, Renault proscrit l’aspersion directe de tout liquide, qu’il soit à base d’alcool ou non. N’est pas davantage toléré le nettoyage à l’eau savonneuse avec chiffon microfibre légèrement imbibé. Seul est autorisé le nettoyage à sec avec chiffon microfibre.
En somme, chez Renault et Dacia, « l’appareil ne doit pas entrer en contact avec des fluides quelconques et ne doit pas non plus être exposé à l’humidité. Le cas échéant, les surfaces ou les composants électriques pourraient être attaqués ou détériorés », met en garde le constructeur français. La teneur des instructions est la même chez l’Allemand BMW, chez l’Américain Tesla ou bien chez le Chinois BYD.
Par coquetterie, les marques du Groupe Volkswagen proposent leur vaporisateur de solution nettoyante en divers coloris. Crédit: Porsche
Quel que soit le constructeur en revanche, il est un point que partagent toutes les méthodes de nettoyage : il est fortement recommandé de mettre l’écran en mode inactif, pour éviter que la charge d’électricité statique du chiffon ne soit interprétée comme une commande et n’endommage l’écran. Chez Tesla, il existe un « mode de nettoyage », qui assombrit l’écran et « rend plus visibles la poussière et les traces de doigt ». La tablette OpenR-Link de la Renault Megane E-Tech prévoit une fonction similaire, appelée « écran de nettoyage ».
Rien ne vaut le bon vieux bouton-poussoir
S’il veut éviter une grosse facture, l’automobiliste ferait donc bien de se plier aux instructions du constructeur. Sauf à enfiler des gants en coton de conservateur de musée, il lui sera impossible de ne pas déposer ses empreintes digitales sur l’écran. Son seul espoir est de voir les constructeurs revenir aux bons vieux boutons-poussoirs, ne serait-ce que pour les fonctions essentielles.
L’organisme non gouvernemental d’évaluation de la sécurité des automobiles Euro NCAP pousse en ce sens, au prétexte que le regroupement des commandes sur un écran tactile oblige les conducteurs à quitter trop longtemps la route des yeux. A compter de 2026, le nouveau protocole de tests Euro NCAP retirera des points aux voitures qui abusent de l’interface tactile : une bonne nouvelle pour la sécurité des usagers comme pour la netteté des intérieurs.
