Culture

Du théâtre et des rencontres à la maison d’arrêt de Guéret

Du théâtre et des rencontres à la maison d’arrêt de Guéret
William Mesguich, Bénédicte Duquéroix, Peggy Lemoine, Hervé Herpe et David Dubac © Agence GUERET
Mardi, des détenus de la maison d’arrêt de Guéret ont pu rencontrer et échanger avec le comédien William Mesguich, de passage à Guéret pour jouer Les Forêts de Sibérie de Sylvain Tesson à la Guérétoise de spectacle.

Peut-être que la « cabane de trois mètres sur trois mètres » décrite par Sylvain Tesson dans son livre Les Forêts de Sibérie a fait écho à ces quinze détenus de la maison d’arrêt de Guéret. À la différence près que l’écrivain a volontairement choisi l’isolement et le recul. Le détenu, lui, est contraint de trouver dans l’enfermement son refuge.

« On est contents, on voit des gens, ça nous change ! »

Similitude dans la finitude qui règne dans un état d’attente, mais disparité dans le rapport à la liberté des prisonniers et de l’écrivain isolé, cette rencontre entre les détenus et William Mesguich, interprétant le rôle de Sylvain Tesson dans Les Forêts de Sibérie, était emplie de sens. Œuvre étudiée dans les cours dispensés par leur RLE (Responsable locale d’enseignement) Bénédicte Duquéroix, le moment était d’autant plus symbolique pour eux, puisqu’ils en ont lu quelques extraits et étudié quelques passages. Ils étaient donc préparés et fiers d’avoir eu un « vrai texte pour adulte ».

Après un début timide, le foot, sport universel pouvant relier la plupart des êtres sur cette planète, a été un premier pas pour rompre le silence de la salle. Le comédien racontait ensuite les récits rocambolesques et pour le moins funambulesques de sa vie, certains détenus ont alors pris la parole pour échanger avec lui. Expliquant que Les Forêts de Sibérie n’était pas un ouvrage fait pour la scène, William Mesguich ouvre un imaginaire et décrit le théâtre comme étant « l’art de tous les possibles ».

Par analogie, les sentiments et les états évoqués par Sylvain Tesson dans son livre comme la solitude, l’ennui ou la méditation peuvent être ressentis par les détenus qui peuvent eux aussi se retrouver « seuls dans leurs pensées et faire jaillir des bouts de soi dont ils ne se doutaient pas », philosophie le comédien.

Sur quarante-sept détenus, environ quinze étaient présents pour l’évènement. Ce qui représente quand même un petit tiers de la population carcérale de la maison d’arrêt. Tous étaient là par choix. Si certains ne savaient pas à quoi s’attendre, ils sont simplement venus par « curiosité », d’autres avaient même pris de quoi noter, et un raconte : « ma copine était professeure de français, je connais le festival d’Avignon ». Connaisseurs ou curieux : « on est juste contents, on voit des gens, ça change ! », témoignent les détenus.

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Favoriser l’insertion et l’accès à la culture

Cette rencontre était organisée dans le cadre des actions de médiation culturelle de la Guérétoise de spectacle, représentée par Hervé Herpe et David Dubac, à la demande Bénédicte Duquéroix. Cette dernière, impulsée par la lecture qu’elle a « adorée » de Sylvain Tesson, a donc voulu organiser cette médiation avec ses élèves de la maison d’arrêt et William Mesguich, qui jouait le soir même la pièce à la Guérétoise.

Peggy Lemoine, adjointe au chef d’établissement de la maison d’arrêt, explique qu’« il est important de faire venir en prison », pour changer d’un quotidien où les sorties des détenus sont réglementées et où l’extérieur proche se situe pourtant à plusieurs portes de leurs cellules.

Provoquer les rencontres, les opportunités et les imaginaires, c’est bien ce dont le théâtre est capable mais aussi ce que Bénédicte Duquéroix et le Spip (Services pénitentiaire d’insertion et de probation), permettent au sein de la prison pour améliorer l’ordinaire des détenus.

 

Marie Le Maux (marie.lemaux@centrefrance.com)


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1 commentaire

CH MOREIGNE a posté le 28 mars 2024 à 13h38

Merci pour ce bel article. Bravo pour ce travail auprès des "privés de liberté" extérieure et intérieure. Ayant travaillé la question des prisonniers de guerre français et allemands artistes (1940-1948), se trouvent là des échos et des images particulièrement forts.

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