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Pourquoi cherche-t-on toujours à lutter contre la procrastination ?

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La procrastination est l'art de laisser passer du temps pour faire les choses. Mais procrastiner encombre le cerveau. La procrastination dit beaucoup de chose sur notre façon de passer à l'action.

Des études montrent que, globalement, nous procrastinons de plus en plus.
Des études montrent que, globalement, nous procrastinons de plus en plus. © Getty - Ezra Bailey

Repousser les dossiers, quitte à passer éventuellement une nuit blanche, Félix connait ça depuis l'enfance. Il reconnait que "c'est un vrai mode de fonctionnement" et estime que les écrans y sont pour beaucoup. "Les gens les plus jeunes ont de plus en plus de moyens de se divertir facilement. On repousse les choses à faire en se disant que l'on n'aura pas peut-être pas de punition immédiate, donc on préfère se divertir." Cette épure est aussi un art de vivre. "On en enlève tout ce qui est parasite. On se concentre sur le plus important dans la dernière ligne droite." Pour les tâches ménagères, Félix attend des invités pour le faire. "Je me suis rendu compte que ça fait plusieurs années que je n'étais pas allé chez le dentiste et il faudrait peut-être le faire quand même. Au bout d'un moment, ce sont des petites choses auxquelles on ne pense pas. Quand on retarde, on retarde de plus en plus."

"Il y a une bonne raison de procrastiner"

Laurence Thomas, coach professionnelle, certifiée en méditation de pleine conscience, se réjouit de cette journée mondiale de la procrastination. Il est de plus en plus facile d'en parler, ce n'est plus un tabou. "C'est un mode de fonctionnement qui répond à certains contextes, à certaines contraintes. Il y a des bénéfices, il y a des désavantages et des dommages collatéraux." La procrastination chronique toucherait beaucoup plus les étudiants que le reste de la population. Rien de surprenant pour Laurence Thomas : "Ce qui me frappe, c'est qu'ils l'assument beaucoup plus facilement. Il y a une bonne raison de procrastiner. Soit il y a trop de choses, soit les enjeux ne sont pas assez importants ou intéressants."

Remettre sans cesse au lendemain éclaire notre mode de fonctionnement, notre regard sur le monde et notre confiance en soi. Laurence Thomas voit un lien "entre la procrastination et l'estime de soi qui se dégrade. Quand on procrastine, on n'est pas fier de soi. Il y a quand même un truc qui nous met mal à l'aise. Il y a une espèce de cercle vicieux." Reconnaissons qu'il y a de nombreuses raisons qui nous poussent à procrastiner : le manque de motivation, la peur de l'échec, un planning trop serré... Procrastiner serait donc l'art de faire des choix et pas de la flemme. "On est attiré par ce qui nous fait plaisir et on veut éviter le plus possible la souffrance, la douleur. C'est vraiment biologique."

À quelle heure avaler le crapaud vivant ?

Procrastiner a un lien direct avec la motivation. On remet à demain ce que l'on n'a pas envie de faire aujourd'hui. Laurence Thomas garde en mémoire la célèbre phrase de Mark Twain : "si vous devez avaler un crapaud vivant, mieux vaut le faire le matin à la première heure et rien de pire ne pourra vous arriver pour le restant de la journée." Mais elle penche pour la stratégie des petits pas : "si je commence par une petite chose et que ça marche, cela va me donner du courage et de l'élan pour m'attaquer à une chose un peu plus ambitieuse".
Ce qui caractérise la procrastination, c'est une charge mentale qui ne s'allège jamais et qui pousse à procrastiner davantage. "Plus je procrastine, plus la liste s'allonge. Plus elle s'allonge, plus je suis angoissé, plus je procrastine. Il y a une sorte de cercle vicieux qui s'installe." Cette fameuse to-do list a bien des avantages, elle permet de désencombrer le cerveau, de ne rien oublier, mais elle fait aussi peser la charge d'une quantité de tâches infaisables. "On est tenté de procrastiner parce qu'on ne sait pas par quoi commencer." Et puis pour certains, c'est la peur de l'échec. "Le doute, c'est un inhibiteur terrible qui peut stopper l'action. Du coup, on ne fait pas ce qu'on aimerait faire."

"On peut procrastiner intelligemment"

Ce qui nous pousse à agir repose sur trois facteurs qui se combinent : "ce à quoi je pense, comment je me sens émotionnellement et comment je me sens physiquement." Passer à l'action offre une suprême récompense : "cela déleste vraiment l'esprit" pour peu qu'on soit motivé. La matrice d'Eisenhower est un outil qui permet de faire des choix au bon moment selon ces critères : urgent - pas urgent / important - pas important. "Sur notre liste, il y a une partie des choses sur notre liste qui mécaniquement vont se régler d'elles-mêmes : celles qui ne sont n'y urgentes, ni importantes. En fait, on peut procrastiner intelligemment".

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