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SIA : des agriculteurs du sud déçus de leur participation

AGRICULTURE. 17 producteurs et agriculteurs du sud de l'île ont exposé au Salon de l'agriculture du 24 février au 3 mars dernier. Le Journal de l'île avait échangé avec quelques-uns en amont pour l'édition du 18 février. Nous les avons recontactés pour dresser le bilan.


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Rédigé par Clicanoo

Des kilos de marchandises non vendus. C'est le triste constat des exposants venus du sud de La Réunion qui se sont rendus au Salon de l'agriculture, qui s'est terminé le 3 mars à Paris. "On a vendu 10% de la tonne de produits qu'on avait emmenée, regarde, avec déception, Julie Patchane Lacane, agricultrice du Tampon connue comme "la Yabar". On est en perte, y aller nous a coûté plus cher que ce qu'on a gagné sur place." Pour une première fois, le goût semble un peu amer.
Même son de cloche du côté de l'Association de producteurs de lentilles de Cilaos (APLC), qui découvrait également le salon. "Sur les 300 kilos de lentilles envoyés à Paris, on en a vendu 170. Pour les pots de crème et de confiture, 200 pots sont partis sur 1 000. On s'attendait à mieux", confie Jannick Gonthier, le technicien agricole. Pour les fidèles du salon, comme Louis Leichnig, producteur de vanille à Saint-Philippe, cette édition du salon n'a pas non plus été très concluante. "J'ai vendu à peine 50% de ma production dédiée à la foire, soit 20 000 euros. C'est bien moins que d'habitude, où je dépasse les 30 000", note-t-il. Les producteurs fermiers du Grand Sud, eux, ressortent toutefois satisfaits de leur première participation. "On couvre nos frais, on ne fait pas de bénéfice", indique Danylo Tailame, le président. 

Goûter mais pas acheter 

Tous remarquent que la fréquentation du salon a été perturbée par le mouvement de grève et le blocage des agriculteurs de l'Hexagone, dès l'ouverture le 24 février. Les portes du site avaient dû rester fermées. "Les gens étaient frileux pendant les premiers jours, dans l'attente des négociations", remarque Julie Patchane Lacane. Quant aux autres jours, c'est une clientèle venue "en balade et en dégustation" qui a déambulé au Pôle Réunion. "C'est un budget pour les visiteurs entre l'entrée pour la famille, le repas et les achats", soulève Louis Leichnig. Avec un pouvoir d'achat restreint, le budget moyen a oscillé entre 15 et 25 euros, pas de quoi remplir les paniers au vu du prix des produits.
Le producteur de vanille interroge également l'impact du nombre important d'exposants, et donc de la variété proposée. "On était très nombreux sur le Pôle Réunion. Pour la vanille, il y avait aussi les vendeurs des autres DOM-TOM et de Madagascar, ça fait beaucoup !"

Rentabilité en berne, notoriété en hausse

Malgré des comptes moins remplis qu'espérés, les agriculteurs du sud ne perdent pas le sourire. "Si on y était, c'est qu'on avait déjà le statut pour. On y a gagné en visibilité", se réjouit Julie Patchane Lacane. "J'ai les poches plus pleines de bravos que de recettes financières", corrobore Louis Leichnig.
La Région avait, pour répondre à cette volonté, organisé une soirée de gala en amont du salon. Un événement qui a quelque peu déçu, là encore, les exposants. "C'était bien mais il y avait finalement peu de chefs restaurateurs et d'épiceries fines de métropole. C'était beaucoup de Réunionnais", regrette la Yabar, rejointe par les producteurs de vanille et de lentilles. "On n'a eu aucun retour, aucune concrétisation depuis", ajoute Jannick Gonthier.
Tous sont, depuis, rentrés à La Réunion, laissant leurs excédents de marchandises aux mains de revendeurs métropolitains. Certains, comme Julie Patchane Lacane et les producteurs fermiers du Grand Sud, se donnent rendez-vous l'an prochain. "On ne va pas rester sur un échec", sourit l'exploitante. D'autres, comme les producteurs de lentilles, ne savent pas encore, face à une rentabilité trop faible pour l'envisager avec certitude. L'édition 2025 devra mieux faire.


Léa Delaplace

Le piment en vedette
Ce fut la star des ventes des exposants du sud. Les visiteurs, principalement des connaisseurs, sont venus nombreux pour acheter des piments et préparations à base de celui-ci, comme l'ont constaté les Yabar et les producteurs fermiers du Grand Sud.


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