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Michaela Moua : fleuron antiraciste de l’Union européenne

MILITANTE. Coordinatrice antiracisme de l’UE, l’ancienne championne de basket entend lutter contre la « normativité blanche ».

Pierre Chamatin
Michaela Moua, coordinatrice antiracisme de l'UE.
Michaela Moua, coordinatrice antiracisme de l'UE. © DR

Le Parlement européen accueillait ces derniers jours une nouvelle session de la « semaine de l’antiracisme et de la diversité » : un cycle de conférences notamment présenté comme « un appel à affirmer le besoin d’institutions européennes engagées en faveur de la justice raciale lors des prochaines élections et le besoin de structures publiques capables de défendre l’agenda antiraciste dans l’UE », principalement organisé par l’European Network Against Racism (ENAR), décrit par l’anthropologue Florence Bergeaud-Blackler comme le « parapluie inclusif de l’activisme frériste en Europe ». Une chose est sûre : ce réseau accueille en son sein le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), dissout par Gérald Darmanin, mais ressuscité sous l’appellation CCIE au niveau européen. Forcément, Michaela Moua était présente.

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« Le racisme inversé [anti-Blanc, NDLR] n’existe pas. » Cinq mois après la déclaration de la Finlandaise Michaela Moua, la Commission européenne la propulsait « Coordinatrice antiracisme de l’UE » le 9 mai 2021. Son rôle ? Entretenir des « relations étroites » avec les personnes issues d’une « minorité raciale ou ethnique » et transmettre leurs « préoccupations » à la Commission, faire le lien entre les États membres, le Parlement européen, la « société civile et le monde universitaire » pour renforcer la lutte contre le racisme et veiller à la mise en œuvre du « plan d’action de l’UE contre le racisme ».

Ce plan quinquennal, adopté par la Commission dans une relative discrétion le 18 septembre 2020, se voulait une réponse au décès de George Floyd… aux États-Unis. Il prévoit de lutter contre le « racisme structurel » par une « approche intersectionnelle », de renforcer la lutte contre les « discours haineux », d’enseigner « dès le plus jeune âge […] l’inclusion » ou encore d’encourager les États à prendre des « plans d’actions nationaux contre le racisme », ce à quoi le gouvernement Borne s’est appliqué au début de l’année 2023.

Qui d’autre que Michaela Moua ? Née en 1976 d’une mère finlandaise et d’un père ivoirien, elle s’est engagée corps et âme dans l’antiracisme dès 2013, après dix ans de pratique du basket professionnel et 124 sélections dans l’équipe nationale finlandaise. Si son engagement ne s’est exprimé qu’à 37 ans, sa conscience antiraciste serait née lors de son passage à l’Ohio State University… Non seulement elle y aurait découvert pour la première fois un « environnement qui n’était pas entièrement blanc » selon un journal finlandais qui avait croqué son portrait, mais elle y a appris « à quel point le cheveu afro [pouvait] être stimulant » !

Forte de ce constat, elle crée en 2016 le premier événement finlandais dédié au cheveu afro, devenu annuel, pour « briser les normes de beauté eurocentrées » et « créer un espace sûr [lieu dépourvu de discrimination, NDLR] » pour « célébrer le cheveu afro ». Pour sa reconversion professionnelle, l’ex-basketteuse a décidé de soigner les effets du racisme à la racine en devenant « thérapeute brève centrée sur la solution » : en clair, aider, les patients « non-Blancs », plus confiants avec un « thérapeute racisé », à gérer les « micro-agressions » du quotidien.

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Une ambition : lutter contre le « racisme structurel »

Pour définir le concept de « micro-agression », le gouvernement canadien évoque un « commentaire ou acte qui exprimerait de manière subtile et souvent inconsciente ou non intentionnelle une attitude préjudiciable envers une personne membre d’un groupe marginalisé ». Elle a ainsi pu former des professionnels de la petite enfance au soutien du « développement de l’identité raciale dans une société qui baigne dans la normativité blanche ». En parallèle, Michaela Moua s’est investie dans plusieurs associations antiracistes finlandaises. Jusqu’à sa nomination au sein des institutions européennes, elle était vice-présidente de l’Anti-Racist Forum (ARF), une ONG financée par l’UE et l’Open Society de George Soros, membre du puissant lobby antiraciste… ENAR. C’est donc tout naturellement que l’organisation avait salué sa nomination, confiante dans « ses capacités […] à lutter contre les oppressions systémiques en Europe ».

Mais ce n’est pas la première fois que la Finlandaise lutte contre le racisme au sein d’une administration. De 2019 à 2020, elle était inspectrice générale en chef auprès du médiateur finlandais contre les discriminations. Avant de devenir chef de projet sur les questions d’égalité au sein du ministère finlandais de la Justice. C’est à ce poste qu’elle avait lancé le site OlenAntirasisti.fi (« JeSuisAntiraciste.fi ») qui proposait un « bingo des privilèges » où le joueur se voyait accablé d’un « privilège » supplémentaire à chaque case cochée.

« Je me reconnais dans les illustrations des livres scolaires » ? Privilège. « Mon nom est toujours prononcé correctement » ? Privilège. « Je peux acheter un sparadrap de la même couleur que ma peau » ? Privilège. « Mes jours fériés sont inscrits dans le calendrier » ? Privilège… Ce site, cofinancé par l’Union européenne, a depuis été archivé par le gouvernement finlandais d’union des droites arrivé au pouvoir en juin 2023. Mais depuis, Michaela Moua œuvre au sein de l’UE. Dès les premières semaines qui suivent sa nomination, la quadragénaire livre ses ambitions au média européen Euractiv : « Il est […] crucial de collecter des données ventilées sur l’égalité par origine raciale ou ethnique » ; « ce qui me préoccupe vraiment […] c’est que tous les codes pénaux nationaux ne criminalisent pas correctement les discours et les crimes haineux » ; « Le racisme structurel est la forme la plus dangereuse de racisme » ; « Le colonialisme, l’esclavage et l’Holocauste sont ancrés dans notre histoire et entraînent des conséquences profondes sur la société actuelle. Nous devons reconnaître ces racines historiques du racisme si nous voulons lutter contre les préjugés et les stéréotypes ». À plein temps.

À peine six mois après sa nomination, la Coordinatrice antiracisme de l’UE jugeait « toujours pertinente » la « Pyramide de la suprématie blanche » qu’elle s’enorgueillissait d’avoir traduite pour ses formations antiracistes. Une sorte de pyramide qui rassemble tout ce qui relève des racismes « ouvert » ou « caché, inconscient » ; des blagues racistes au génocide en passant par l’universalisme, les microagressions ou le « complexe du sauveur blanc », et qui dessineraient à eux tous le « suprémacisme blanc ».

Depuis, ses sorties publiques se font rares, mais ses employeurs semblent satisfaits du travail accompli : le 6 décembre dernier, la Commission lui ajoutait le titre de représentante à celui de coordinatrice. Une façon d’accéder aux exigences des lobbies antiracistes qui réclamaient pour elle plus de pouvoirs et de financements. De quoi poursuivre sa révolution jusqu’à la fin de son mandat prévue en 2025.

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