« Je ne sais plus Madame. » Mardi 26 mars 2024, le tribunal de Quimper (Finistère) a souvent entendu cette phrase dans la bouche du prévenu. L’homme, 29 ans, a comparu pour trafic de drogues entre Lille (Nord) et le pays de Quimperlé.
Plus de 1,5 kg d’héroïne dans sa voiture
Il a reconnu son implication à demi-mots. Son interpellation remonte au 15 février. Les faits sont accablants : à bord de sa Polo, un peu plus de 1,5 kg d’héroïne et 6 g de cocaïne se trouvaient dans une cache.
On m’a donné cette marchandise à Lille pour que je la transporte en Bretagne. Je le faisais pour une personne de Nantes.
Anne-Sophie Quideau, la présidente du tribunal, a rebondi : « Il y a du monde à Nantes. C’était pour qui ? » « Je ne sais pas. Je ne pourrais pas vous dire. »
Des allers-retours de quelques heures
L’affaire est partie d’un renseignement de l’antenne régionale de l’Ofast du Nord de la France.
Des investigations ont établi que le prévenu avait effectué « cinq voyages » entre Lille et la pointe bretonne entre octobre et décembre 2023. Certains déplacements de nuit n’avaient duré que quelques heures.
Explication de l’intéressé : « Je suis venu à Quimperlé pour voir une voiture repérée sur LeBonCoin. C’était une affaire. »
Début janvier 2024, il a fait d’autres déplacements à Scaër, Mellac… et dans le Morbihan chez des toxicomanes. « À chaque fois, je ne vendais pas plus de 5 g d’héroïne », a lâché le jeune homme. « Ce n’était pas très rentable en venant de Lille ? », a ironisé la présidente.
Des promotions sur les cartes Sim !
Elle a noté que le prévenu a changé la carte Sim de son téléphone à quatre reprises en un semestre. « Oui, j’ai fait ça car il y avait des promotions. »
Sur les 12 785 euros qui ont été retrouvés chez ses parents à Lille, il n’a pas donné d’explication.
Dans ce logement, il vit avec ses trois frères et sœur. « Cet argent n’était pas dans ma chambre. Il ne m’appartient pas. Son propriétaire devra s’expliquer. »
Achat en gros
Dans le box, il y avait un de ses clients, 36 ans, habitant à Guiscriff. Au RSA, il prend « 2 à 3 g d’héroïne par jour : j’achète en gros avec des amis pour que ça revienne moins cher ».
Les gendarmes ont découvert 406 g d’héroïne à son domicile. « La détention provisoire, c’était un mal pour un bien. J’ai arrêté la drogue, l’alcool. »
Il a deux mentions au casier. Son fournisseur en a quatre dont des contraventions en Belgique pour excès de vitesse. « J’habite près de la frontière. J’y vais souvent pour me promener. »
« Le cours de l’héroïne n’est-il pas moins élevé en Belgique ? », l’a questionné le procureur, Matthieu Filié. « Je ne pourrai pas vous dire », a rétorqué l’intéressé.
Monsieur n’a que des amendes pour des délits routiers. Il n’a jamais été incarcéré. À 29 ans, on a déjà vu d’autres profils, parfois en récidive.
Dans sa plaidoirie, elle a glissé à son client, qui n’a jamais travaillé, « qu’il est temps de se réveiller ». Elle a fini par réclamer une « peine juste utile ».
12 et 30 mois de détention
Son client a écopé de 30 mois de prison ferme et d’une interdiction de séjour des quatre départements bretons et de la Loire-Atlantique pendant cinq ans.
Le second prévenu a pour sa part été condamné à un an de prison ferme et six mois avec un sursis probatoire de deux ans.
Le tribunal a ordonné leur maintien en détention.
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