L’Espagne en a marre de se faire piller ses joueurs

Par Hanif Ben Berkane
4 min.
Luis de la Fuente sur le banc de l'Espagne @Maxppp

Depuis plusieurs années, l’Espagne lutte avec plusieurs cas de binationaux qui choisissent de représenter leur pays d’origine. Et cela commence à frustrer la Roja.

Le dernier cas en date a fait couler beaucoup d’encre. Joueur confirmé du côté du Real Madrid, Brahim Diaz était probablement destiné à la Roja il y a encore quelques années. Mais le milieu de 24 ans a finalement opté pour le Maroc ces dernières semaines au détriment de l’Espagne qui l’avait pourtant appelé lors de ce rassemblement. Il a donc décidé de recaler la Roja pour son pays d’origine. Et le Madrilène n’est pas le seul à avoir fait ce choix, loin de là. Depuis plusieurs années, l’Espagne peine à se montrer attractive pour les jeunes joueurs qui optent souvent pour leur pays d’origine. Et outre le cas Brahim Diaz, la Roja se fait souvent chiper les joueurs dans les catégories de jeunes.

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Ces derniers temps, le Maroc fait quelques dégâts auprès des joueurs évoluant en Espagne. Le cas Brahim Diaz n’est pas le seul. Récemment, le Maroc a aussi récupéré Ilias Akhomach, capitaine des U19 de l’Espagne et formé au Barça. L’ailier de Villarreal n’avait pas caché son envie de représenter les Lions de l’Atlas mais l’Espagne pensait tout de même le faire changer d’avis. En vain. Elle avait aussi perdu la bataille concernant Abde Ez il y a deux ans maintenant au moment de son éclosion au FC Barcelone. Et tout ça, la presse espagnole ne l’a pas oublié. Marca a d’ailleurs décidé de passer un coup de gueule. Les "vols" de l’équipe espagnole, a-t-elle titré dans ses colonnes en listant d’autres joueurs qui ont snobé la Roja.

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Lamine Yamal seul lot de consolation

Le média ibérique évoque également les deux jeunes de l’Atlético de Madrid : Abde Raihani et Salim El Jebari qui ont opté pour le Maroc depuis quelques années. Ces derniers jours un autre cas fait grincer des dents, celui du jeune du Betis, Luis Velilles. Joueur important des U15 de l’Espagne, il a opté pour les Lions de l’Atlas. Son frère Aaron Velilles (17 ans) avait également fait ce choix là il y a quelques mois. Marca évoque même le cas d’Achraf Hakimi, qui aurait pu prétendre à jouer pour l’Espagne, dans cette fuite de talents. Mais l’Espagne peut se consoler dans cette petite guerre avec le Maroc en repensant à Lamine Yamal, crack du FC Barcelone, qui a opté pour la Roja au grand dam de la FRMF (Fédération royale marocaine de football).

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La presse espagnole souligne également plusieurs autres cas et pointe du doigt l’incapacité de la fédération espagnole à convaincre les jeunes talents. «La liste des joueurs nés sur le territoire espagnol, mais qui ont vu à quel point leur culture ou leurs racines les influencent plus que leur carte d’identité, est nombreuse» écrit Marca à ce sujet. Dans cette liste, on retrouve aussi Alejandro Garnacho, né à Madrid et formé à l’Atlético qui, bien que désiré par l’Espagne, a opté pour l’Argentine. L’Albiceleste a aussi récupéré, Nico Paz, jeune milieu du Real Madrid (né et formé en Espagne) qui a fait ses débuts en pro cette saison mais aussi Luka Romero, l’attaquant de l’AC Milan prêté à Almeria. Formé à Majorque, il a aussi recalé la Roja pour son pays d’origine tout comme Álvaro Rodríguez. L’attaquant du Real Madrid, né et formé en Espagne, a opté pour l’Uruguay.

Une fédération trop attentiste

Dans ces nombreux cas, Marca évoque même les internationaux français Lucas et Théo Hernandez. Le défenseur du PSG avait déclaré il y a quelques années : "je me sens espagnol, l’Espagne m’a tout donné et s’ils m’appellent j’irai". Mais il avait bien choisi les Bleus par la suite. Dans la longue liste des échecs de la Roja figure aussi Inaki Williams qui, face à l’attentisme de la fédération espagnole, a filé au Ghana. Cet attentisme, qui a visiblement coûté Brahim Diaz, a aussi fait fuir Pablo Maffeo. Le latéral droit de Majorque, lassé d’attendre sa convocation, a finalement accepté de rejoindre l’Argentine. Même Junior Firpo, ex-latéral en devenir du Barça (4 sélections avec l’Espagne Espoirs et vainqueur de l’Euro Espoirs en 2019) a décidé de représenter la République dominicaine au détriment de la Roja. Des choix qui symbolisent la difficulté de l’Espagne à proposer un projet solide à l’heure où les nations s’arrachent les binationaux et n’hésitent pas à les contacter dès le plus jeune âge. Les nombreux soucis en interne au sein de la fédération espagnole n’aident pas non plus à séduire ces jeunes joueurs. Et, l’Espagne qui souffre depuis quelques années d’un trou générationnel à certains postes, peut craindre encore que la situation ne s’améliore pas de si tôt.

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