Malgré des problèmes de santé, Jane a continué à « aller » à l'école grâce à un robot

Jane, une enfant de CE1 à l'école de la Forgette aux Pieux (Manche), a pu continuer de suivre les cours à distance grâce au programme TED-i. Un robot rencontré le 15 mars 2024.

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Jane, en compagnie du robot.
Jane, en compagnie du robot. (©Jean-Paul BARBIER)
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Jane Pollet, une fillette de 7 ans, élève en CE1 à l’école de la Forgette aux Pieux (Manche), a connu un parcours scolaire atypique depuis un an.

Affrontant une série d’épreuves médicales comprenant des opérations, des hospitalisations et des séjours en centre de rééducation, elle a été confrontée à des défis que peu d’enfants de son âge peuvent imaginer. Cependant, grâce au programme TED-i, elle a pu maintenir le lien avec sa classe malgré son absence physique.

Un soutien inébranlable 

Dès le début de son absence en classe, Jane a bénéficié du soutien inébranlable de son école, de sa directrice et de son enseignant Thierry Blondet, qui lui a envoyé quotidiennement ses cours. Cependant, lorsque Jane a pu sortir de l’hôpital Necker à Paris, une solution a dû être trouvée pour lui éviter de retourner en centre de rééducation.

C’est alors que tous, même les médecins parisiens et les enseignants du centre, ont mis tout en œuvre pour que Jane continue son apprentissage, même à distance. Le programme TED-i est spécialement conçu pour accompagner les élèves hospitalisés ou maintenus à domicile pour une durée prolongée, en étant télé présent grâce à un système robotisé.

Une vingtaine d’enfants dans la Manche

Le programme TED-i, d’abord expérimenté entre 2020 et 2022 dans trois académies de Nouvelle-Aquitaine et celle de Nantes, est désormais effectif partout en France.
Dans la Manche, à l’instar de Jane, une vingtaine d’élèves en bénéficient. « Quelques robots ont été déployés pendant l’année scolaire 2022-2023 et tous les autres durant cette année scolaire 2023-2024 dans des écoles, collèges et lycées du département », selon l’académie de Normandie.
TED-i, abréviation de « Travailler ensemble à distance et en interaction », est un système gratuit de télééducation mis en place par le ministère de l’Éducation nationale qui permet aux jeunes gravement malades et pour une longue durée (plus d’un mois) de suivre les cours. L’élève, qu’il soit chez lui, à l’hôpital, dans un établissement de soins ou dans un lieu de convalescence, peut être vu et entendu grâce à un robot présent dans la salle de classe. Le jeune le contrôle à distance et peut ainsi interagir en temps réel avec les professeurs, répondre à des évaluations et à des exercices.
Pour s’adapter à tous les niveaux, de la primaire à l’université, il existe trois types de robots : Beam, une sorte de tablette sur pied qui permet « un déplacement piloté par l’élève et favorise la socialisation entre pairs pendant et hors les cours » ; Buddy, un robot humanoïde destiné aux enfants de 5 à 11 ans ; Edmo, une tablette pivotant sur un socle qui « favorise une grande mobilité dans la participation aux cours ».
« Ce dispositif vise à atténuer les conséquences de la rupture avec l’environnement scolaire ou de formation du jeune isolé et à faciliter son retour en classe tant pour les apprentissages, que pour la poursuite d’une inclusion et d’une sociabilisation réelles », explique le ministère de l’Éducation nationale. Et ajoute : « Chaque situation doit être analysée par l’équipe médicale hospitalière ou libérale, par les équipes médico-éducatives académiques, par celles de l’établissement scolaire et par la famille. » Pour bénéficier du programme TED-i, les parents peuvent en parler à la direction de l’établissement. Si la démarche n’aboutit pas, un numéro vert et gratuit est joignable au 0 800 730 123.

Juliette VOISIN

Virtuellement en classe 

Alors, l’école a ensuite coordonné les démarches pour intégrer le robot dans le processus d’apprentissage de Jane. Avec l’aide de son enseignant, Jane a rapidement appris à utiliser cet outil qui lui permettait de rejoindre virtuellement sa classe chaque jour.

Installé face au tableau, le robot a pris sa place en classe et grâce à sa caméra, elle a pu suivre comme si elle était là et même interagir avec ses camarades, tout ça depuis chez elle grâce à sa tablette.

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Bon pour le moral 

Malgré son éloignement physique, Jane a été immergée dans sa classe. Elle pouvait voir le tableau, tourner la tête pour observer ses camarades et même lever la main grâce à une fonctionnalité spécifique du robot. Ses camarades, solidaires, aidaient à signaler son envie de participer lorsque le maître ne la voyait pas : « Maître, Jane lève la main ! ». Ce lien social préservé s’est avéré très important pour le moral de Jane.

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D’autant plus lorsque l’enseignant était occupé avec d’autres élèves, les enfants s’agglutinaient devant le robot pour lui faire des coucous. Pour ses parents, le programme TED-i a été une véritable bouée de sauvetage.

Jane, en compagnie du robot.
Jane, en compagnie du robot. (©Jean-Paul BARBIER)

Un moment chargé en émotions

Non seulement il a permis à leur fille de maintenir un rythme d’apprentissage régulier, mais il a également préservé son lien social et son intégration à l’école. Sans cette solution, Jane aurait été contrainte de retourner dans un centre de rééducation, loin de ses camarades et de sa famille.

Le fait que Jane puisse continuer à suivre ses cours, même à distance grâce au programme TED-i, a été déterminant pour éviter une séparation avec nous et ses amis.

Émilie et Gregory PolletLes parents de Jane

La réintégration de Jane à l’école le vendredi 15 mars 2024, après plusieurs mois de convalescence à la maison ou dans le bureau de son père, a été un moment fort en émotions, surtout lorsqu’elle a découvert TED-i, le robot en chair et en os pour la première fois.

Ce jour a marqué la fin de cette période difficile pour l’enfant. Enfin, le seul point faible est que comme tout système technologique, le dispositif TED-i nécessite une connexion réseau stable, ce qui a parfois été difficile à obtenir depuis l’école. Malgré cet inconvénient, l’impact positif sur la vie de Jane et son éducation sont indéniables.

De notre correspondante Laure GHANNAM

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