AssisesAu procès de l’attentat de Strasbourg, un accusé se dit « con » et regrette

Attentat à Strasbourg : Un accusé se dit « con » et regrette

AssisesA la quatrième semaine du procès de l’attentat de Strasbourg, un des accusés qui a aidé le terroriste à se procurer l’arme s’est excusé
Christian H., Stephane B. et Frederic B. (de gauche à droite), avec le seul accusé qui est actuellement détenu, Audrey Mondjehi (à droite).
Christian H., Stephane B. et Frederic B. (de gauche à droite), avec le seul accusé qui est actuellement détenu, Audrey Mondjehi (à droite). - Benoit PEYRUCQ / AFP
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Ouvert depuis le 29 février, le procès de l’attentat de Strasbourg en décembre 2018 se poursuit. La cour d’assises s’est penchée mardi et mercredi sur le rôle de deux intermédiaires, accusés d’avoir aidé le tueur à se procurer un pistolet.

Frédéric et Stéphane B., deux frères de 37 et 39 ans issus de la communauté des gens du voyage sédentarisés, sont poursuivis pour « association de malfaiteurs en vue de préparer un crime », une infraction non terroriste. Ils ne connaissaient pas le djihadiste Chérif Chekatt, et leur rôle est circonscrit à la semaine ayant précédé l’attentat du 11 décembre 2018.

Le 5 décembre, Frédéric B. reçoit la visite « à l’improviste » d’Audrey Mondjehi, le principal accusé dans ce procès. Lui est poursuivi pour « complicité d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste ». Mondjehi est une vague connaissance depuis plusieurs années des frères B., des ferrailleurs qui habitent chacun un étage d’une maison de Sélestat, à environ 50 km au sud de Strasbourg.

Ce 5 décembre 2018, donc, Mondjehi se présente chez eux en compagnie d’un individu qu’il présente comme un « copain ». Celui-ci, qui reste silencieux, s’avère être Chérif Chekatt. Mondjehi indique être à la recherche d’une arme. Sollicité en premier, Stéphane B. refuse de leur ouvrir sa porte. Une discussion a donc lieu dans la cour de la maison entre Mondjehi et Frédéric B., le frère de Stéphane, en présence de plusieurs autres personnes.

« J’aurais dû l’envoyer bouler »

Frédéric n’a pas d’arme à vendre, mais pense à quelqu’un qui pourrait en avoir une : Albert B., un ami de son père résidant près de Colmar, qui collectionne les objets militaires. Sur « l’insistance » de Mondjehi, Frédéric B. contacte sur-le-champ Albert, qui l’autorise à communiquer son numéro à Mondjehi pour en reparler ultérieurement.

« J’aurais dû l’envoyer bouler […] Je suis un con, en fait. Je l’ai fait inconsciemment, sans réfléchir, comme quand on jette une cigarette par terre », soupire Frédéric B. à la barre.

La transaction aura lieu effectivement six jours plus tard, le 11 décembre, soit quelques heures avant l’attentat : pour 400 euros, Mondjehi et Chekatt achèteront à Albert un vieux pistolet « rouillé », avec lequel le djihadiste tuera cinq personnes et en blessera 11 autres le soir même, dans les rues du marché de Noël.

Albert aurait dû comparaître sur le banc des accusés, mais son cas a été disjoint en raison de son état de santé qui ne lui permettait pas d’être présent aux débats. Il pourrait donc être jugé seul, ultérieurement.

Sujets liés