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La trompette de Louis Armstrong est toujours aussi florissante

Par PIERRE DROUIN.

Publié le 11 novembre 1952 à 00h00, modifié le 11 novembre 1952 à 00h00

Temps de Lecture 2 min.

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Ce rituel qui précède un concert Armstrong a toujours le don de mettre le public dans un état de merveilleuse réceptivité. On apporte près du piano plusieurs grands verres d'eau, et cette pile de mouchoirs où le musicien puisera à longueur de spectacle pour essuyer les gouttes qui emperlent son front après chaque chorus. Dans ces préparatifs il y a déjà de telles promesses et une espèce de bonhomie si tranquille que la salle est déjà complice lorsque les premières notes s'épanouissent sans façon sous le souffle d'Armstrong.

Il a changé. Son tour de taille a gagné quelques bons centimètres depuis le dernier concert parisien, qui remonte à 1949. On dirait aussi qu'il a repris encore plus de force, de celle qui ne s'exhibe pas à tout propos, mais que l'on sent toujours disponible. Et c'est le même sourire déployé sur le clavier des dents quand la trompette est au repos.

Il vient de pulvériser au théâtre des Champs-Élysées ces insinuations de snobs la moue dédaigneuse qui jugent Louis Armstrong fatigué. Il est un ouragan de musique, de fureurs roulées dans l'arrière-gorge. Sa sonorité s'étale avec autant de bonheur quoi qu'il touche : C'est si bon, Muskat ramble, Blueberry hill, le fameux New Orleans Function, où tous les musiciens, le pas lourd, la tête pesante, évoquent en marchant à la file tout autour de la scène les vieux enterrements de la Louisiane, à l'aube du siècle.

Chacun a brillé à son tour dans cette chevauchée du jazz réglée avec un sens du spectacle étonnant, sans une faute, sans un vide. Velma Middleton est la pièce... de poids de la partie show du concert : énorme chanteuse noire, qui déplace des robes tapageuses et deux ou trois chansons survoltées. James Trummy Young déchaîne les puissances les plus secrètes du swing avec une aisance déroutante pour un instrument aussi ingrat que le trombone. Louis Armstrong n'a certes rien perdu à se séparer de Jack Teagarden. Bob Mac Cracken se sert un peu trop de sa clarinette comme Benny Goodman, avec brio, mais sans s'abandonner assez. Arvell Shaw, lui, est littéralement " possédé " par sa contrebasse lorsqu'il joue le masque crispé, l'œil lançant des flammes. Le pianiste Teddy Napoléon le suit de près et manie son instrument avec une férocité inouïe. Il a beaucoup moins d'esprit qu'Earl Hines, qui tenait le clavier lors du dernier passage d'Armstrong à Paris, mais quelle flamme ! Il faut dire que le batteur Cozy Cole l'entretient au mieux en soutenant ses soli de telle sorte qu'on entend parfois se construire une véritable " sonate " pour drums et piano.

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