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Etude

Salades en sachet : une grande majorité présente des traces de pesticides, selon «60 millions de consommateurs»

Alimentationdossier
Une nouvelle étude du magazine a trouvé des résidus de pesticide dans 21 marques de salades emballées sur 26. Des résultats «décevants, voire inquiétants».
par LIBERATION et AFP
publié le 28 mars 2024 à 12h19

Laver sa salade ou manger des pesticides ? C’est le choix qui s’offre à tout un chacun devant le rayon des laitues sous plastique, selon une étude de 60 millions de consommateurs. Le mensuel a testé vingt-six références de salades prélavées. Résultat, «seules cinq sont indemnes de contamination : deux laitues et trois mâches. Pour le reste, nous avons détecté une moyenne de 3,8 résidus de pesticides par salade contaminée… sachant que nos analyses ont identifié 28 molécules différentes». A gros trait, les 7 foyers sur 10 qui préfèrent leur batavia déjà emballée, mangent donc des pesticides pour s’économiser le temps de tri et de nettoyage. Une enquête aux résultats «décevants, voire inquiétants» mais en tout cas importants, donc, mené par un titre malheureusement en difficulté financière : les salariés du magazine ont publié un communiqué le 19 mars appelant à «sauver» leur titre «en péril», en raison d’investissements insuffisants selon eux.

Le problème de la salade, c’est que ce légume est particulièrement sensible à l’humidité et aux ravageurs. «Pourtant, beaucoup de produits autorisés jusqu’alors ont été supprimés, et les producteurs font un gros travail pour éviter les traitements phytosanitaires, explique Pierre Meliet, le président du Syndicat des fabricants de produits végétaux frais prêts à l’emploi (SVFPE), cité par 60 millions. Mais, à date, on ne sait pas comment lutter efficacement contre les différentes maladies de la salade, comme les invasions de pucerons ou le mildiou de la salade.» Voilà pour l’explication.

Mais parmi les substances identifiées, huit molécules sont classées «cancérogène, mutagène ou toxique pour la reproduction» (CMR) par l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA), même si elle ne dépasse pas les concentrations maximales réglementaires, précise le mensuel. Pas de risque pour la santé donc, a priori, pour chaque molécule prise individuellement, mais personne ne sait dire l’effet du mélange de produits.

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L’analyse individuelle des résultats est parfois cocasse. Ainsi, la laitue Florette labellisée «sans résidu de pesticide» contient-elle des traces d’une molécule CMR quand la version classique de la même marque n’en contient pas. De même, la mâche Carrefour bio présente des résidus d’un «métabolite issu de la dégradation d’un herbicide (le dichlobénil), interdit d’usage depuis 2010». L’entreprise répond à 60 millions que «malgré son interdiction», cette substance «demeure rémanente dans le sol» et affirme que «ses propres analyses de recherche de résidus de pesticides – réalisées à la même période et chez le même producteur de l’échantillon en question – n’ont pas identifié cette substance».

Ces résidus peuvent en effet venir d’une utilisation volontaire, d’une dispersion aérienne, ou encore d’une contamination par l’environnement. «Tous pesticides confondus, les plus mauvaises élèves comptent jusqu’à neuf résidus dans une même salade (Aldi et Top Budget)», déplore 60 millions. Même les marques bio n’échappent pas toutes à la présence de pesticides. «Seul le trio de tête y échappe, alors que les références bio Auchan et Monoprix sont contaminées chacune par un pesticide, certes considéré à faible risque», conclut l’article. Les résultats détaillés sont présentés dans le numéro d’avril 2024 de la revue.

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