Le pouvoir d’une image, c’est d’arriver à effacer tout le reste. Du passage d’Emmanuel Macron au Brésil, sa première visite officielle en Amérique latine en sept années à l’Elysée, les deux pays aimeraient qu’il ne reste que ces clichés pris le premier jour, au cœur de la forêt amazonienne : Lula prenant Macron par la main, les deux hommes semblent courir tout sourire, et s’élancer vers on ne sait où, comme deux tourtereaux qui voguent vers l’avenir avec insouciance. Cette image, la presse brésilienne l’a relayée en masse, un peu moqueuse, pour symboliser la relance de l’amitié toute en bromance entre les deux dirigeants. Les services de communication n’auraient pas pu rêver mieux.
Sur le papier, tout sépare pourtant l’ancien métallo septuagénaire, figure de la gauche en Amérique latine, et l’ancien banquier quadra, héraut d’un «en même temps» qui imprime surtout à droite. Pourtant, les deux hommes semblent sincèrement s’apprécier, et croire dans la relance de la coopération France-Brésil qui fut le message central de cette visite d’Etat. Ce qui les rapproche à titre personnel, c’est qu’ils se pensent tous les deux en rempart contre une extrême droite qui a justement séparé les deux pays, même si celle de Jair Bolsonaro n’a pas forcément grand-chose à voir avec celle de Marine Le Pen.
Intense opération séduction
Mais qu’on ne s’y trompe pas :