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Société

Narcotrafic : l'Europe du Sud, porte d'entrée de la cocaïne

STUPÉFIANTS. Pour contourner la pression douanière et policière dans les ports de la mer du Nord, les organisations criminelles réinvestissent les routes ibériques et italiennes.

William Molinié
Sur le port de Gioia Tauro (Calabre), la police italienne contrôle un conteneur.
Sur le port de Gioia Tauro (Calabre), la police italienne contrôle un conteneur. AP/SIPA / © Adriana Sapone

L’Europe est en overdose sur toutes ses frontières. Depuis 2015, le trafic transatlantique de la cocaïne a progressivement et massivement basculé vers les ports de la mer du Nord. Voilà que les policiers spécialisés observent depuis quelques mois, une intensification des passages vers les ports portugais, espagnols et italiens. Plusieurs notes récentes de la police judiciaire française alertent sur ce mouvement de bascule qui pourrait être la conséquence « du durcissement des contrôles », écrivent les analystes, à Anvers (Belgique), Rotterdam (Pays-Bas) et au Havre (Normandie) où 2,7 tonnes de cocaïne ont été saisies lundi, dissimulées dans des caisses de déménagement d’un conteneur en provenance de Guadeloupe.

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En Espagne, la Galice semble être la porte d’entrée privilégiée de la péninsule. « Récemment, plusieurs navires marchands et voiliers chargés de plusieurs tonnes de cocaïne ont été interceptés au large de cette région », appuie une source policière. L’année dernière, un « narco-submersible », un sous-marin amateur utilisé par les trafiquants de drogue, a été retrouvé vide dans la baie d’Arousa. Plus au sud, le Portugal aussi fait l’objet d’une attention toute particulière de la part des policiers de l’Ofast, l’office anti-stupéfiants français. L’été dernier, une tonne de cocaïne a été découverte par la police locale au large du pays sur un voilier en provenance des Antilles, zone de rebond de la poudre blanche sud-américaine.

La ‘Ndrangheta aux manettes

Quant à l’Italie, elle « est devenue une porte d’entrée majeure de la cocaïne en Europe », selon une autre note de la police française. Entre 2018 et 2022, les saisies ont été multipliées par quatre. Près de 99 % des interceptions sont réalisées en mer. La région du nord-ouest de la Ligurie est considérée par les enquêteurs comme « un carrefour international du trafic, dotée d’infrastructures portuaires et d’une connectivité appréciée des trafiquants ». C’est depuis cette zone frontalière avec la France, que la cocaïne est acheminée vers Marseille, Nîmes, Montpellier ou vers le couloir rhodanien. Si bien que les saisies en France de cocaïne en provenance de la botte se multiplient. Aucune en 2021, une seule en 2022, une demi-douzaine l’année dernière, dont la plus importante, en mai 2023, dans la cité phocéenne (95 kilos).

« C’est la mafia qui est tout en haut de la pyramide »

Si la cocaïne transalpine inquiète autant le renseignement criminel, c’est qu’elle a très probablement été acheminée par la ‘Ndrangheta. « C’est la mafia qui a la surface financière la plus importante au monde, celle qui est tout en haut de la pyramide », assure un gendarme français en poste à Rome. La mafia calabraise a cette particularité d’avoir la capacité de traiter directement et durablement avec les cartels colombiens, brésiliens et vénézuéliens.

Son emprise sur le port de Gioia Tauro, où 80 % des saisies de cocaïne en Italie sont réalisées, lui permet de fixer à cet endroit les douaniers, tout en acceptant la perte d’une partie de la marchandise et en explorant de nouvelles routes. Quitte à laisser les Albanais, les Serbes ou les Monténégrins poursuivre l’acheminement de la cocaïne par voie routière vers l’Europe centrale ou par voie maritime jusque dans les ports de la mer Égée. Et s’éloigner ainsi des radars de la police.

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