Derby Lille-Lens : Mickaël Foor, la voix des Dogues qui adore « allumer la mèche » avec les Lensois

Connaissez-vous « le rêve ultime » d’un conducteur de train qui supporte le LOSC ? « Passer devant Bollaert un soir de match, qu’il y ait un penalty pour Lens pile quand je passe. Et là, je klaxonne et je déconcentre le tireur. Ça n’arrivera jamais mais c’est un rêve », sourit malicieusement Mickaël Foor. À 44 ans, cet immense supporter lillois commente tous les matchs des Dogues pour le club nordiste. Et il connaît assez le foot pour savoir qu’une ligne de chemin de fer passe juste derrière les tribunes artésiennes.

Il sera encore au micro vendredi soir au stade Pierre-Mauroy pour le derby contre le Racing Club de Lens. Mais c’est désormais « (son) dernier lien avec le foot ». Après des années comme journaliste sportif chez France Bleu Nord et comme cadre technique au district des Flandres, il a changé de vie. « Je me suis retrouvé sans rien, mais j’avais fait le tour dans le foot. Et puis un jour, une barrière s’est baissée devant moi, un train est passé, et je me suis dit que ce serait peut-être une bonne idée », raconte Mickaël Foor.

Au micro pour le LOSC, aux commandes train de 1600 tonnes

Après une formation de quelques mois, il est depuis juin 2023 conducteur de trains de marchandises chez DB Cargo. De sa cabine, il est aux commandes de convois qui peuvent peser jusqu’à 1600 tonnes. « Parfois ce ne sont que des bouteilles d’eau, mais parfois ce sont des matières dangereuses. Là il y a une petite pression au début, faut pas déconner », rigole Mickaël Foor. La vérité l’oblige à dire qu’il ne passe jamais derrière Bollaert. Mais devant La Gaillette, oui : « là, je regarde de manière attentive, des fois que je pourrais voir des trucs qui peuvent servir pour le derby », dit-il en rigolant, puisque évidemment il ne lâche jamais les rails des yeux.

Sa passion pour le LOSC remonte aux années 80 – « Vandenbergh, Desmet… » – et aux soirées à Grimonprez-Jooris avec son père. « Il y avait 4000 personnes dans le stade, pas plus. Les premières années je n’en avais rien à faire du match et je courais partout dans le stade, parce qu’il y avait de la place », rembobine-t-il. Sa passion pour le LOSC, au moins autant que sa voix légèrement haut perchée et ses craquages au micro, en ont fait un membre respecté de la communauté losciste.

Lui qui adore « allumer la mèche » sur les réseaux avec les fans artésiens est aussi devenu l’une de leur cible préférée. Comme en 2022, lors de la victoire du RCL sur la pelouse des Dogues (1-2). Ce soir-là, il est au micro, mais c’est bien le Racing qui mène de deux buts après 37 minutes de jeu. Consterné sur le but de Frankowski, Mickaël Foor n’émet plus un son, s’enfonce dans son siège et noie sa peine dans un gobelet de coca-light. L’image est devenue un mème sur internet, que lui ressortent les supporters du Racing à la moindre occasion.

« Si Lens gagne, chambrez-moi avec respect »

Promis, il a trouvé ça « vachement drôle ». D’ailleurs, l’année suivante, c’est le LOSC qui l’emporte (1-0) : filmé par les caméras du LOSC, il tend son gobelet devant l’objectif, tout sourire. Et répond désormais à tous les Lensois qui le chambrent avec cette image. « Autant je vomis ceux, dans les deux camps, qui ne sont pas dans les valeurs du foot, le respect, le plaisir, la tolérance, autant j’aime beaucoup ce côté chambrage », assume Mickaël Foor, dont un des meilleurs amis… travaille dans le staff de Franck Haise.

Hors de question de lui demander son pronostic pour le match de vendredi : il penche trop pour une victoire du LOSC mais sait aussi qu’il se plante souvent quand il s’agit de prédire le résultat d’un match. Mais quoi qu’il arrive, « si Lens gagne, chambrez-moi mais avec respect, comme moi je le fais je pense. Les insultes tout ça c’est non ».