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Guyane : un pas vers l’autonomie ?

Au marché aux poissons de Cayenne, Emmanuel Macron en pleine dégustation, le 25 mars.
Au marché aux poissons de Cayenne, Emmanuel Macron en pleine dégustation, le 25 mars. © Ludovic Marin / AFP
Florian Tardif , Mis à jour le

En déplacement dans le département français les 25 et 26 mars, le président était très attendu par les élus guyanais, qui espèrent de cette visite une révision constitutionnelle, comme en Corse.

L’accord trouvé, début mars, entre le gouvernement et les élus de Corse prévoyant « la reconnaissance d’un statut d’autonomie » de l’île « au sein de la République » – mots de Gérald Darmanin – est venu alimenter la soif autonomiste des élus guyanais présents, ce lundi 25 mars à un « dîner de travail » dans la résidence préfectorale où le sujet était au cœur des discussions. 

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« J’ai l’impression que le gouvernement préfère la voix des Corses à celle des Guyanais. C’est pour cela que j’ai longuement hésité à venir ce soir », concède Gabriel Serville, le président de l’Assemblée de Guyane.

Cette volonté d’émancipation institutionnelle n’est pas nouvelle. Mais elle est revenue sur le devant de la scène après la grande crise sociale qui a secoué le territoire entre mars et avril 2017. Depuis, un comité de pilotage, composé d’élus et des corps constitués, a entamé des travaux en vue d’une modification institutionnelle. «Nous avons beaucoup avancé, poursuit Gabriel Serville. Maintenant, la balle est dans le camp du gouvernement.»

Notre unité n’en sera que plus forte. Indivisible ne veut pas dire uniforme

Emmanuel Macron

 

«C’est un slogan politique, temporise l’entourage de la ministre déléguée chargée des Outre-mer, Marie Guévenoux. Lorsque l’on écoute la population, sur place, on comprend qu’elle ne veut pas moins d’État, mais plus d’État. Ensuite, il peut y avoir des problématiques locales, comme l’orpaillage illégal – extraction d’or clandestine qui entraîne insécurité, problèmes de santé et destruction de l’environnement – sur lesquelles des évolutions peuvent être envisagées. Mais nous sommes très loin de ce qui est prévu pour la Corse. »

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Les intentions présidentielles sont pourtant claires. L’autonomie n’est pas un mot tabou. En octobre dernier, à l’occasion du 65e anniversaire de la Constitution, Emmanuel Macron avait appelé à mieux reconnaître les collectivités d’outre-mer, n’écartant pas une évolution du texte constitutionnel. «Si un consensus se dégage en ce sens, avait-il prudemment ajouté. Notre unité n’en sera que plus forte. Indivisible ne veut pas dire uniforme.» Propos qu’il a réitéré durant son déplacement en Guyane. La brèche est ouverte. Et s’y engouffreront bientôt tous les élus aux revendications indépendantistes.

La boîte de Pandore ?

«C’est la boîte de Pandore, craint le constitutionnaliste Benjamin Morel. Si vous regardez ce qu’il s’est passé au Royaume-Uni, cette évolution asymétrique a conduit à une dévolution progressive du pouvoir. Le pays de Galles et l’Écosse souhaitant obtenir toujours plus d’autonomie que les autres territoires, et respectivement. » La France pourra-t-elle éviter ce scénario? «Personne n’y est parvenu jusqu’ici », poursuit-il, alarmiste.

Aujourd’hui, une différenciation territoriale existe déjà pour les territoires ultramarins – régie par les articles 73 et 74 de la Constitution. Les partisans d’une autonomie plaident pour l’inscription d’un article «propre» au territoire guyanais. «Nous demandons le transfert des compétences non régaliennes, la possibilité de compétences partagées, comme sur l’immigration, et une autonomie normative », liste Jean-Victor Castor, député GDR (Gauche démocrate et républicaine) de Guyane. L’engrenage semble impossible à arrêter. Les revendications, inflationnistes. Et, l’indivisibilité de la République, menacée.

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