Bobigny 1972 le ramadan à Gaza de Coco
Mon corps, mon choix : un procès historique...
...et une BD pour l'Histoire avec l'album Bobigny 1972 édité chez Glénat.
1972 donc, Marie-Claire, adolescente enceinte à la suite d’un viol, est dénoncée pour avortement clandestin par son propre agresseur. Sa mère et la faiseuse d'ange, qui lui sont venues en aide, sont également trainées devant la justice.
Cette affaire tristement banale à cette époque devient l’un des grands procès historiques grâce à Gisèle Halimi, avocate de toutes les grandes causes féministes. Elle s’empare de cette affaire pour créer un électrochoc médiatique et sociétal. Elle ne défend pas une jeune femme coupable d’avortement, elle attaque les lois et politiques anti-abortives qui sévissent en France. Soutenue par de grandes stars françaises, intellectuelles et journalistes, Maître Halimi a pour objectif de provoquer une jurisprudence dont le tribunal de Bobigny devient le théâtre.
Alors cet album est aussi sombre, dérangeant que nécessaire. Le scénario permet de voir les événements dans leur entièreté, sans adoucissement. Il montre bien que durant les audiences, les mots tenus par le procureur choquent, heurtent. Celui-ci met immédiatement en doute l'agression ; plus encore, il n'y croit pas.
Le dessin enlevé de Carole Maurel va, quant à lui, à l'essentiel capturant l'émotion du moment et offrant toute sa sensibilité.
Bobigny 1972 est sorti en Janvier dernier aux éditions Glénat
Et le coup de coeur de la semaine sur internet est pour la dessinatrice française Coco (Coco : C.O.CO). Titré « Ramadan à Gaza », le dessin représente un homme affamé courant derrière des rats au milieu de ruines d’où dépasse un cadavre, tandis qu’une femme lui tape sur la main en lançant « T-t-t, pas avant le coucher du soleil ! »
Le dessin souligne le désespoir des Palestiniens et dénonce la famine à Gaza bombardée sans relâche par l’armée israélienne (où l’ONU redoute une famine généralisée), tout en se moquant également de l’absurdité de la religion.
Pour ce dessin, Coco (survivante de la tuerie de Charlie Hebdo) a reçu un nombre incalculable de menaces de mort, montrant ainsi que le dessin de presse reste un genre menacé. Même dans notre pays.
Et maintenant vous ouvrez votre BD et vous bullez !
