Punaises de lit, moisissure... Une famille exilée dans la détresse à La Valette

Mélanie, Rodrigue et leurs enfants ont demandé l’asile en France. Pendant dix mois, cette famille de Côte d’Ivoire a vécu dans une chambre d’hôtel insalubre à La Valette.

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Gautier Guigon Publié le 28/03/2024 à 07:45, mis à jour le 28/03/2024 à 07:45
La famille a été hébergée pendant dix mois au Triotel, en bordure de l’A57, à La Valette. Photo Frank Muller

Depuis dix mois, ils sont en attente de leur régularisation.

Durant tout ce temps, Mélanie, 26 ans, et son mari Rodrigue, 33 ans, ont vécu dans une chambre insalubre avec leurs jumeaux de 3 ans, Rayan et Kherane.

Il y a une semaine, ce couple ivoirien a eu un troisième enfant.

Le "rêve français"

"Mon fils est malade, il doit se faire opérer et je viens d’accoucher d’une petite fille", déclare Mélanie.

La maman observe ses deux garçons jouer entre les quatre murs de leur chambre d’hôtel, située en bordure de l’A57, à La Valette. Le sol est infesté de punaises de lit, les murs couverts de champignons et l’air est humide.

Enceinte, Mélanie devait faire l’aller-retour à Toulon pour préparer les repas, dans une cuisine mise à disposition, car c’est interdit dans la chambre du Triotel.

En attendant de vivre "le rêve français", la famille bénéficie de l’allocation de demandeur d’asile, environ 500 euros par mois, et de l’aide alimentaire.

"On ne pouvait plus rester ici", soupire Rodrigue, son mari. Le jeune Ivoirien espère être régularisé. Il veut pouvoir travailler et subvenir aux besoins de sa famille.

Mais l’urgence était de trouver un logement décent. Leur déménagement dans un appartement, à Toulon, est aujourd’hui en cours.

Aller sans retour

Avant cette épreuve, le couple a dû traverser le Mali, l’Algérie, la Tunisie, la Libye, puis embarquer pour Lampedusa (Italie). Un périple dangereux. Séparés en Libye, les amoureux se sont retrouvés en Italie.

"Nous sommes arrivés à Toulon le 2 juin 2023. Notre troisième tentative au départ de Vintimille a été la bonne." Sans un sou et à la rue, la famille a été prise en charge par le 115. D’abord logée en urgence dans des hôtels du port, puis à La Valette.

Malgré toutes ces galères, Rodrigue ne souhaite pas rebrousser chemin: "Ma mère a voulu que ma femme soit excisée, comme c’est la tradition en Côte d’Ivoire. Mais je m’y suis opposé. C’est pourquoi on a quitté le pays."

Leur destin est maintenant entre les mains du préfet.

Environ 700 demandes dans le Var chaque année

L’association Welcome Var accueille une cinquantaine de demandeurs d’asile dans le département.

Son président, Jacques Perrier, explique: "Les demandeurs d’asile d’Afrique subsaharienne sont souvent des migrants pour raison économique. Certains sont arrivés illégalement par bateau, d’autres par avion, avec un visa touristique."

"Conformément à la convention de Genève, l’État a obligation de loger les demandeurs d’asile pendant la durée de la procédure. Le problème, c’est qu’il n’y a que 60.000 places pour 100.000 demandes."

"En théorie, l’instruction d’un dossier peut durer jusqu’à dix mois. Dans la pratique, cela prend parfois deux ans! En cas de refus, une deuxième instance, la Cour nationale du droit d’asile, est saisie. Si le demandeur est finalement débouté, alors il doit rentrer dans son pays d’origine.

Environ 700 demandeurs d’asile sont accueillis dans le Var chaque année, contre 5.000 dans les départements voisins, comme les Bouches-du-Rhône et les Alpes-Maritimes. En général, ils ne repartent pas dans leur pays d’origine. Ils sont alors “sans papiers”. Et dans ce cas, l’association ne les suit plus."

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Var-Matin

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