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Décryptage

Grandes écoles : à l'Institut Mines-Télécom, des droits de scolarité en hausse de plus de 10 %

L'Institut Mines-Télécom (IMT) va augmenter ses droits de scolarité à la rentrée prochaine. La hausse pourrait être plus importante encore d'ici à 2027. L'école d'ingénieurs réfléchit à faire contribuer les boursiers pour l'une de ses écoles, mais aussi à des dispositifs visant à « faire attention aux classes moyennes ».

A l'IMT, les tarifs vont augmenter de 300 euros à compter de la rentrée prochaine.
A l'IMT, les tarifs vont augmenter de 300 euros à compter de la rentrée prochaine. (DR)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 26 mars 2024 à 08:07Mis à jour le 27 mars 2024 à 17:55

La mesure pourrait donner des idées à d'autres écoles d'ingénieurs. L'Institut Mines-Télécom va augmenter ses droits d'inscription de 300 euros à la rentrée prochaine, et envisage de porter la hausse, progressivement, « jusqu'à 1.000 euros en 2027 », indique sa directrice générale Odile Gauthier dans un entretien aux « Echos ».

La grande école regroupe huit écoles internes, chapeautant par exemple l'IMT Nord Europe (ex-Mines Douai) et des écoles qui ont fusionné telles Mines Nantes et Télécom Bretagne (IMT Atlantique).

« Qu'aux nouveaux entrants »

La hausse des droits de scolarité prévue pour la rentrée prochaine oscille entre +10,3 % et +12,8 %. Les nouveaux étudiants qui feront leur prochaine rentrée à Mines Saint-Etienne, Télécom Paris, Télécom SudParis ou à IMT Atlantique devront payer 3.200 euros, contre 2.900 euros l'an dernier.

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Les autres écoles (IMT Mines Albi, IMT Mines Alès et IMT Nord Europe) verront leurs droits augmenter à hauteur de 2.650 euros, contre 2.350 euros en septembre 2023, indique l'arrêté publié au « Journal officiel ». Soit 300 euros de plus pour chacune des écoles. « Le nouveau tarif ne s'appliquera qu'aux nouveaux entrants », souligne Odile Gauthier.

« Ne cherchez pas de lien avec les récentes coupes budgétaires annoncées par Bercy », poursuit la directrice générale. L'augmentation a été décidée bien avant, dans le cadre du contrat d'objectifs et de performance signé avec sa tutelle Bercy.

« On marche sur deux pieds »

Dans ce cadre d'une « ambition forte de croissance », l'IMT envisage d'accroître ses effectifs de 21 %, le nombre d'élèves diplômés devant passer de 13.600 à 16.450 élèves d'ici à 2027, pour former plus d'ingénieurs. Pour cela, la grande école mise sur la subvention de l'Etat, sur l'augmentation des droits de scolarité et sur des financements dans le cadre de France 2030 ou d'appels à projets européens. « On marche bien sur deux pieds, la subvention (60 %) et les ressources propres (40 %) dont font partie les droits de scolarité », indique Odile Gauthier.

« On peut estimer qu'une formation d'ingénieurs à l'IMT coûte 11.000 euros par an, et le coût d'occupation d'un élève est de 1.800 euros, ajoute-t-elle. C'est normal que les élèves ne paient pas le coût complet, mais on a besoin de ressources pour faire des investissements d'équipements pédagogiques et de plateformes technologiques coûteux. »

Les élèves boursiers ne paient pas de droits de scolarité et ceux qui dépassent le plafond du CROUS pourront bénéficier d'une exonération de 50 %. Ce demi-tarif, valable lorsque les revenus de l'étudiant dépassaient de 3.300 euros le plafond du CROUS, s'appliquera plus largement (jusqu'à 3.500 euros de dépassement). L'école réfléchit aussi à « la création d'une tranche additionnelle pour les revenus les plus élevés ». « Le modèle global, c'est bien de dire qu'on augmente les droits de scolarité, mais en faisant attention aux classes moyennes », explique Odile Gauthier.

410

millions d'euros C'est le montant du budget de l'IMT

Concernant l'école de management de l'IMT (IMT-BS), la discussion sur les droits de scolarité est encore en cours. Il n'est pas exclu qu'ils augmentent à la rentrée prochaine. La question se pose notamment de « faire payer un peu les boursiers », indique Odile Gauthier. « Dans les écoles d'ingénieurs publiques, les boursiers ne paient pas et cela reste immuable à ce stade, mais la question se pose pour l'IMT-BS qui accueille cette année 70 % de boursiers dans le cadre du programme grande école ».

Prêts étudiants

« Ce n'est pas une question de finances, mais de comparabilité avec les écoles de commerce privées dont les tarifs sont extrêmement élevés », poursuit-elle. L'école réfléchit à la possibilité, pour ces élèves boursiers de l'IMT-BS, de financer leurs frais de scolarité par des prêts bancaires. L'autre grande école de management publique, EM Strasbourg, fait déjà payer les étudiants boursiers, relève-t-on à l'IMT, où l'on précise aussi que « les salaires de sortie d'école sont très bons » et permettraient à des élèves diplômés « de rembourser assez rapidement ».

Le modèle global, c'est bien de dire qu'on augmente les droits de scolarité, mais en faisant attention aux classes moyennes

Odile Gauthier Directrice générale de l'IMT
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L'IMT s'est vu fixer par Bercy l'objectif de passer de 22 % à 30 % de filles à la rentrée 2030, indique Odile Gauthier. Et met en place « des parcours attractifs » pour ces dernières, comme en ingénierie de la santé avec l'université Jean Monnet de Saint-Etienne. « Il faut absolument que les métiers de l'ingénierie soient mixtes, affirme la directrice générale en reprenant l'idée des quotas de filles garçons chers à Bruno Le Maire .

« C'est une réflexion intéressante, juge Odile Gauthier, mais si on s'engage dans cette voie, il faudra s'interroger sur l'instauration de quotas en médecine », où les filles sont aujourd'hui beaucoup plus nombreuses.

Les droits de scolarité en hausse aussi à Mines Paris-PSL

L'arrêté est paru le même jour que celui concernant les écoles de l'IMT : à Mines Paris-PSL, les droits de scolarité vont, eux aussi, augmenter à la rentrée prochaine pour les nouveaux élèves. La hausse sera de 7,8 %, faisant passer les droits de 3.850 à 4.150 euros.

Marie-Christine Corbier

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