A l’heure où nombre d’agriculteurs laissent éclater leur colère, un coup de projecteur éclaire fort opportunément leur situation financière. Dans un document intitulé « Transformations de l’agriculture et des consommations alimentaires », publié mardi 27 février, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) et Agreste, service statistique du ministère de l’agriculture, ont pointé conjointement les fortes inégalités de revenus et de niveaux de vie au sein des ménages agricoles.
Prenant comme référence l’année 2020, ils estiment que le revenu annuel médian des ménages agricoles atteint 22 800 euros, soit 1 900 euros net par mois. Pour l’établir, ils additionnent le bénéfice de l’activité agricole proprement dite, mais aussi le salaire du conjoint ou de la conjointe, qui a souvent un emploi hors de l’exploitation et les fermages, une entrée d’argent liée à la location de terres. Agreste note que, le plus souvent, l’activité agricole ne contribue que de manière minoritaire au total des ressources financières.
Ce montant médian ne diffère guère de celui de la population française, estimé à 22 400 euros. Là où le secteur agricole se distingue, c’est dans le plus grand étalement du spectre des revenus. L’Insee et Agreste soulignent que les 10 % des ménages agricoles les plus pauvres touchent moins de 10 900 euros par an, soit moins que les 10 % des ménages français les plus pauvres. A l’inverse, les 10 % les plus riches gagnent plus de 44 600 euros par an, plus que la même tranche de la population. En outre, 16 % des ménages agricoles entrent dans la catégorie pauvreté monétaire, contre 14 % des ménages français.
Agreste et l’Insee ont aussi scruté les variations de situation en fonction du type de production, avec toujours comme référence l’année 2020. Là encore, il en ressort une grande disparité. Sans surprise, le taux de pauvreté est plus fort pour les maraîchers (24,9 %), les éleveurs ovins et caprins (23,6 %) ou les éleveurs de bovins à viande (21,5 %). A l’inverse, le taux de pauvreté est beaucoup plus bas dans les rangs des viticulteurs (11,5 %), dans les grandes cultures, comme les céréales, les betteraves et les pommes de terre (12,2 %) ou les éleveurs porcins et de volailles (13,5 %).
Spécialisation accrue
Même au sein d’une même filière, les écarts de revenu sont forts. Les filières de production sont également soumises à une variabilité au gré des années. L’excédent brut d’exploitation des fermes, c’est-à-dire leur capacité à dégager des résultats positifs, varie fortement pour les productions céréalières et l’élevage porcin, mais reste toujours supérieur à celui de l’élevage de bovin à viande plus stable dans le bas du tableau.
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