Votre compte n'a pas encore été validé. Afin de bénéficier de l'ensemble des services du Télégramme, pensez à valider votre adresse email depuis l'email que nous vous avons envoyé.
Votre compte n'a pas encore été validé. Afin de bénéficier de l'ensemble des services du Télégramme, pensez à valider votre adresse email depuis l'email que nous vous avons envoyé.
Gardien de but et capitaine, bonne ou mauvaise idée ?
Ouvert au jeu mais éloigné de l’arbitre et de l’entraîneur, le gardien de but fait-il un bon capitaine sur le terrain ? Il y a débat pour les deux entraîneurs Christian Gourcuff et Philippe Montanier.
Bonne idée
Christian Gourcuff : « Davantage une question de personnalité que de positionnement »
Nommer un gardien de but capitaine, est-ce une bonne idée pour vous ?
Un capitaine doit pouvoir parler auprès du dirigeant, du coach pour des choses globales de la vie du groupe. Là, peu importe le poste, il faut quelqu’un de mature, d’expérience. Et, surtout, il faut un consensus maximal auprès des joueurs, éviter de fractionner le vestiaire pour ces raisons-là. Sur le terrain, l’intérêt du gardien, c’est qu’il est derrière. Il peut commander la ligne défensive et même un peu au-delà. Il a une vision du jeu intéressante pour parler, notamment. Mais ce n’est pas non plus obligé d’être capitaine pour ça.
Un entraîneur de Ligue 2 a récemment destitué son gardien de but pour donner le brassard de capitaine à son milieu de terrain. Avec pour argument principal : être plus proche de l’arbitre. Qu’en pensez-vous ?
C’est le seul inconvénient. Mais les discussions avec les arbitres sont très ponctuelles. Si on a besoin de discuter avec l’arbitre toutes les cinq minutes, c’est qu’il y a un problème quelque part. Ce n’est pas comme ça que je concevais la chose. C’est un constat, mais ce n’est pas un argument solide pour le choix. C’est davantage une question de personnalité que de positionnement.
Vous avez nommé Fabien Audard, à Lorient. Pourquoi pensiez-vous qu’il faisait un bon capitaine ?
Il avait du charisme, il était respecté par ses partenaires. Sur le plan technique, il était irréprochable et reconnu. Il apportait toutes les garanties et il avait l’expérience. Ça faisait très longtemps qu’on était ensemble, une forme de complicité s’était installée entre nous. Puis c’est une question de choix et personne ne se dégageait vraiment. Ça s’est fait naturellement. Je n’ai pas le souvenir d’avoir hésité.
Vous avez été sélectionneur de l’Algérie. La logique est-elle différente en sélection nationale ? Buffon a été capitaine avec l’Italie, Casillas avec l’Espagne, Neuer avec l’Allemagne, Lloris en France…
Là, c’est l’expérience qui est privilégiée. Il ne faut pas changer de capitaine à chaque rassemblement. Il faut quelqu’un avec de l’expérience, incontesté. C’est encore plus important. Mais ce qu’il faut éviter, c’est de se mettre en difficulté dans le groupe. Avec les différentes susceptibilités… Ça ne vaut pas le coup. Si on en a un, on le change que si on a une raison très précise… Même si ce n’est pas l’idéal, il vaut mieux continuer plutôt qu’avec un joueur qui ne fait pas l’unanimité.
Le poste de gardien de but est un poste à part, avec une concentration extrême. Le brassard de capitaine ne serait-il pas une pression supplémentaire ?
Ça peut aussi aider à rester dans le match… Ce n’est pas l’idéal, notamment au niveau du ressenti et pour discuter avec l’entraîneur. Le gardien a un entraînement spécifique, donc il est un peu en dehors. Mais ça l’est encore moins pour un attaquant. Le jeu est derrière lui, c’est compliqué pour lui d’avoir une influence sur le jeu.
Mauvaise idée
Philippe Montanier : « Je suis de ceux qui n’aiment pas trop mettre un gardien »
Nommer un gardien de but capitaine, est-ce une bonne idée pour vous ?
Souvent, les gardiens ont des personnalités très fédératrices. Un sens du commandement, de la mesure… On les amène donc souvent à être capitaine. Le revers de la médaille, c’est qu’il n’est pas au cœur du jeu. Il n’est pas près de l’arbitre, il faut le faire sortir de sa cage à chaque fois quand il y a des choses à lui dire… Ce n’est pas le plus pratique. Si le gardien a une super personnalité, très fédérateur et reconnu par l’ensemble du groupe, peut-être qu’il faut accepter les inconvénients. L’idéal, c’est quand même le milieu de terrain. Je suis de ceux qui n’aiment pas trop gardien.
Quelle est votre conception du rôle de capitaine ?
Sur un terrain, on a plusieurs relais. Le capitaine est celui qui est officiel, mais il y a toujours trois, quatre capitaines officieux, les cadres de l’équipe. C’est celui qui aura la relation avec l’arbitre. Sur le terrain, avant le match avec la signature, à la mi-temps, quand il y a des problèmes, c’est lui qui est convoqué… À Toulouse, on avait 18 nationalités. La priorité, c’était celui qui parlait français. S’il faut poser une réserve technique, il faut que le capitaine soit capable de le faire. Il représente les joueurs, est légitime, va discuter avec les arbitres, est le relais avec l’entraîneur.
Un entraîneur de Ligue 2 a récemment destitué son gardien de but pour donner le brassard de capitaine à son milieu de terrain. Avec pour argument principal : être plus proche de l’arbitre. Qu’en pensez-vous ?
Ce n’est pas le seul critère, mais je suis sensible à ça, qu’il puisse communiquer avec l’arbitre quand il y a des problèmes. C’est un des critères qui fait que les gardiens de but sont moins propices à le faire.
Le poste de gardien de but est un poste à part, avec une concentration extrême. Le brassard de capitaine ne serait-il pas une pression supplémentaire ?
La pression n’est pas un problème, quand on est gardien, on vit avec depuis tout petit. On sait que la moindre erreur est fatale. Quand le gardien s’investit trop au niveau collectif pendant le match, en recadrant ses partenaires etc., il risque de se disperser et perdre l’essentiel, avec cette petite faute de concentration qui peut être fatale. Son rôle est crucial et déterminant.
Vous avez été gardien de but et capitaine. Comment avez-vous vécu ces moments ?
Ça correspondait à ma personnalité. Fédérateur, intermédiaire avec le groupe et l’arbitre, mais c’était aussi prenant, frustrant, parce qu’on est loin des actions quand ça se joue à l’opposé et parce que le rôle de capitaine n’était pas facile à tenir dans ces moments-là. Mais c’est aussi un sentiment de fierté. C’est un rôle emblématique, comme une reconnaissance.
Cette saison, il n’y a que deux gardiens capitaines en Ligue 1…
Newsletter Football
La sélection de l’actualité football à ne pas manquer
J’ai le sentiment que les entraîneurs préfèrent les joueurs non pas par rapport à leur charisme ou leur personnalité mais par rapport à leurs positions sur le terrain et l’envie de communiquer de plus en plus avec l’arbitre et le staff.
Vous aimez la Bretagne ? Vous allez adorer l'application du Télégramme. Profitez d'une expérience de
lecture personnalisée et d'un accès rapide à l'actualité de votre commune.