Année de transition pour Naval Group en 2023. Le chiffre d'affaires du groupe naval a été en très légère décroissance (- 2,3%) l'année dernière à 4,25 milliards d'euros (contre 4,35 milliards en 2022), dont 30,3 % a été réalisé à l'international. Un bilan qui montre la forte dépendance de Naval Group au client France (plus de 69% du chiffre d'affaires en 2023). En revanche, le chiffre d'affaires est équitablement réparti entre les différentes activités du groupe : bâtiments de surface (1,26 milliard d'euros), sous-marins (1,26 milliard) et services (1,58 milliard). L'an dernier, Naval Group a livré à la Marine le sous-marin nucléaire d'attaque Duguay-Trouin et a réalisé l'entretien intermédiaire du porte-avions Charles de Gaulle. A l'international, le groupe a remis la première corvette Gowind aux Émirats arabes unis, un cinquième sous-marin à la marine indienne et a effectué la mise à flot de la première frégate FDI pour la marine grecque.
En 2023, le résultat opérationnel courant a pris une claque par rapport à 2022. Il s'est établi à 298,2 millions d'euros (7% du chiffre d'affaires), à comparer à 419,2 millions d'euros (9,6 % du chiffre d'affaires) en 2022 mais à 271,4 millions d'euros en 2021. En 2022, Naval Group avait nettement amélioré sa rentabilité, le groupe avait été bien aidé par l'indemnisation de 555 millions d'euros versée par l'Australie après l'arrêt du programme de sous-marins. Naval Group a enregistré un résultat net de 260,7 millions d'euros (contre 339,3 millions). Soit un recul significatif de 23,1%. Enfin, la trésorerie s'élevait à fin 2023 à 1,37 milliard d'euros (contre 1,62 milliard en 2022).
Des prises de commandes en nette baisse
Naval Group a eu un gros coup de mou en 2023 en termes de prises de commandes (- 40%). Elles se sont élevées à 3,33 milliards d'euros (contre 5,57 milliards en 2022). Soit un book-to-bill (ratio entre les commandes et le chiffre d'affaires) en dessous de 1, à 0,79. En mars 2022, la Grèce a signé les contrats pour la réalisation de trois frégates FDI plus une en option, et leur MCO pour environ 3 milliards d'euros. Au 31 décembre 2023, le carnet de commandes du groupe s'élevait à 14,4 milliards d'euros, en baisse par rapport à fin 2022 (15,3 milliards). Selon Naval Group, l'écoulement prévisionnel de ce carnet s'établit ainsi : 28,5 % en 2024, 24,8 % en 2025, 20,7 % en 2026, 17,5 % en 2027 et 8,5 % au-delà. Dans le même temps, les effectifs se sont renforcés, passant de 11.653 salariés en 2019 à 14.823 en 2023. Soit une hausse de près de 30%.
Pour réduire sa dépendance à la France, Naval Group poursuit ses efforts dans le développement international de son activité de défense. Ainsi, en 2024, Naval Group pourrait être une très belle année sur le plan commercial. Le groupe doit définitivement convaincre le gouvernement des Pays-Bas d'acheter quatre sous-marins (Blacksword Barracuda) pour un montant de 5,6 milliards d'euros. Il doit également finaliser un contrat pour trois sous-marins sélectionnés par l'Inde en juillet dernier. Dans le domaine des bâtiments de surface, Naval Group souffre. Il a laissé passer une opportunité en Australie (11 frégates) où il n'a pas souhaité se jeter à l'eau après ses déboires dans la triste affaire Aukus. Et il semble que le groupe a perdu l'appel d'offres portant sur plusieurs corvettes en Grèce face à une proposition américaine.
Néanmoins, la France pourrait une nouvelle fois venir en aide à Naval Group. Le projet de loi de finances 2024 confirme les orientations de la loi de programmation militaire (LPM) avec un niveau de commandes et de livraisons élevé : confirmation des crédits consacrés au programme d'équipement et au MCO de la dissuasion, poursuite du développement du SNLE 3G, augmentation du budget consacré à l'innovation. « La commande publique constitue ainsi une réelle opportunité pour le groupe », estime d'ailleurs Naval Group.
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