Gaza : pourquoi l'ONU évoque un risque de famine "imminent"

Publié le 20 mars 2024 à 19h00, mis à jour le 20 mars 2024 à 19h11

Source : JT 13h Semaine

Les agences spécialisées de l'ONU ont appelé à la mise en place de mesures "urgentes" à Gaza.
Faute de quoi, la famine sévira d'ici au mois de mai sur ce territoire de plus de deux millions d'habitants.
Deux des trois critères permettant de déclarer une situation de famine ont déjà été atteints.

La menace de famine à Gaza se précise. Les agences spécialisées de l'ONU ont appelé à la mise en place de mesures "urgentes" face à un risque de famine "imminent" sur ce territoire de plus de deux millions d'habitants, après plus de cinq mois de guerre entre Israël et le Hamas. Selon une nouvelle évaluation publiée par le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), deux des trois critères permettant de décréter une situation de famine ont déjà été atteints, voire ont été "largement dépassés".

Des seuils franchis "de manière imminente"

En effet, une situation de famine est décrétée par l'ONU lorsque trois conditions spécifiques sont réunies dans une zone géographique : au moins 20% de la population de cette zone est confrontée à des niveaux extrêmes de faim ; 30% des enfants du même endroit sont amaigris ou trop maigres pour leur taille ; et le taux de mortalité a doublé par rapport à la moyenne, dépassant deux décès pour 10.000 habitants par jour pour les adultes et quatre décès pour 10.000 habitants par jour pour les enfants.

Or, cette situation extrême pourrait être bientôt atteinte à Gaza. Sur les 2,2 millions d'habitants, plus de 1,1 million de Gazaouis, soit plus de 50% de la population, sont confrontés à "une situation de faim catastrophique", proche de la famine, relève le rapport de l'IPC, rédigé à partir de données publiques de différentes sources. Il s'agit du "nombre le plus élevé jamais enregistré" par l'ONU. Par ailleurs, la situation s'est rapidement dégradée puisque ce nombre est deux fois plus élevé que la précédente estimation de l'IPC, publiée en décembre.

Il en va de même pour les enfants. La malnutrition aiguë chez les enfants âgés de 6 à 23 mois a également augmenté rapidement, passant de 16,2% à 29,2% entre le mois de décembre et le mois de mars. L'IPC note que pratiquement tous les ménages sautent des repas chaque jour et que les adultes réduisent leurs repas pour que les enfants puissent manger. "La tendance à la hausse de la mortalité non traumatique devrait également s'accélérer, de sorte que tous les seuils de famine risquent d'être franchis de manière imminente", note enfin le rapport concernant la troisième condition.

Les critères de l'IPC pour déclarer une famine ne sont donc pas techniquement remplis, mais d'ores et déjà "des habitants de Gaza meurent de faim", s'est par ailleurs alarmée la directrice exécutive du Programme alimentaire mondial, Cindy McCain, dans un communiqué. Dans un entretien à l'AFP, la directrice générale adjointe de la FAO, Beth Bechdol, a indiqué qu'il était par ailleurs possible que la famine "sévisse déjà dans le nord, mais nous n'avons toujours pas été en mesure de le vérifier", faute d'accès aux territoires concernés.

Selon l'ONG Oxfam, 2874 camions sont entrés dans le territoire en février, soit "seulement 20% de l'aide quotidienne" qui y pénétrait avant le 7 octobre. Le PAM indiquait que pour assurer les besoins alimentaires de base, il faudrait faire entrer à Gaza "au moins 300 camions par jour", particulièrement dans le nord, où il n'a pu acheminer que neuf convois d'aide depuis le début de l'année. Pour tenter d'acheminer davantage d'aide, des parachutages de nourriture ont été effectués, et la communauté internationale a entrepris de livrer des vivres par la mer. Les organisations assurent néanmoins que seule l'ouverture de couloirs terrestres permettrait d'apporter une véritable aide à la population.


Aurélie LOEK

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