Burn-out, le mal du siècle

Le management toxique est le plus souvent pointé du doigt dans les cas de burn-out © Getty

Un travailleur belge sur dix indique en avoir souffert l’année dernière. Ce lundi à 20h30, La Trois diffuse le documentaire «Burn-out : les voies de la guérison».

«Il est le trouble des fidèles au système, le mal des «croyants», il est le désespoir de ceux qui ont espéré, l’épuisement de ceux qui, pourtant, s’activaient au mieux pour reconstruire la société, et pour s’épanouir sous sa protection.»

En quelques mots, le psychiatre et psychanalyste américain Herbert J. Freudenberger définit le burn-out. Nous sommes dans les années 1970, le terme n’est pas encore connu du grand public.

Burn-out. Traduction en français : «s’éteindre» ou «brûlure interne», comme le titre du livre que le scientifique publie en 1980 : «L’Épuisement professionnel : la brûlure interne».

«En tant que psychanalyste et praticien», y écrit Freudenberger, «je me suis rendu compte que les gens sont parfois victimes d’incendie, tout comme les immeubles. Sous la tension produite par la vie dans notre monde complexe, leurs ressources internes en viennent à se consommer comme sous l’action des flammes, ne laissant qu’un vide immense à l’intérieur, même si l’enveloppe externe semble plus ou moins intacte.» Cela évoque quelque chose pour vous ? Pour de nombreux travailleurs dans le monde, c’est le cas.

Dégradation

Publié au début du mois de mars, le rapport international Mind Health d’Axa fait le point sur la santé mentale de la population. L’étude, menée par le groupe international spécialisé dans l’assurance en collaboration avec l’entreprise de sondage Ipsos, s’est centrée sur la compréhension de la santé mentale et du bien-être de la population active. 16.000 personnes ont été interrogées dans seize pays d’Europe, d’Asie et d’Amérique. Les résultats sont interpellants. Trois personnes sur quatre déclarent souffrir de multiples problèmes de santé mentale en raison de leur environnement professionnel, près de 70 % d’entre elles se sentent désengagées par leur travail. Les travailleurs jeunes sont les plus touchés : plus d’un sur trois de ceux qui sont mis en congé de maladie le sont en raison de problèmes de santé mentale. Et le burn-out dans tout ça ?

Êtes-vous en burn-out ?

Composée d’intervenants spécialisés dans les problématiques des pathologies liées à la charge psychosociale au travail (médecins psychiatres et généralistes, psychologues, sophrologues…), l’asbl Réseau Burn Out identifie sur son site les manifestations d’un burn-out potentiel. Épuisement physique, intellectuel, émotionnel, impossibilité de récupérer, cynisme, froideur dans les relations humaines et professionnelle…  : la liste est longue.

Un symptôme retient particulièrement l’attention : «L’apparition d’un désintérêt pour la profession dans les conditions où elle est exercée alors que les personnes atteintes sont le plus souvent talentueuses, enthousiastes et motivées.» Les responsables ? Une étude menée conjointement par Securex (spécialiste de l’administration sociale et des ressources humaines) et la Katholieke Universiteit Leuven (KUL) a mis l’accent sur les managers toxiques et les risques de burn-out qu’ils font planer sur leur personnel. «Avec un leadership de ce type, plus de la moitié de ses collaborateurs (54 %) sont susceptibles de glisser vers l’épuisement professionnel, 38 % pourraient même démissionner à tout moment.» Ce ne sont pas les seuls chiffres concernant notre pays.

Coût élevé

Retour au rapport d’AXA sur la santé mentale. Selon celui-ci, la moitié des Belges (49 %) déclarent rencontrer des difficultés d’ordre psychologique, un sur cinq éprouve de sérieuses difficultés à faire face à la situation. «Les conséquences de la pandémie, le futur géopolitique incertain, mais aussi l’impact de l’intelligence artificielle sur notre travail sont des facteurs qui contribuent à un sentiment général d’incertitude et de peur», souligne le professeur Lode Godderis de la KUL. Avec des conséquences importantes sur la vie personnelle et professionnelle. Selon le rapport, environ un travailleur belge sur dix indique avoir souffert d’un burn-out au cours de l’année passée, un sur quatre (26 %) déclare avoir pris un congé de maladie en raison de troubles d’ordre psychologique». L’impact économique n’est pas négligeable pour les pays concernés par l’étude. Le coût de la santé mentale au travail leur coûterait au total 2,5 milliards d’euros.

Cet article est paru dans le Télépro du 21/3/2024

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