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Gens du voyage : l’habitat fait la santé

Paris - La santé des Gens du voyage (GDV) est mal connue, lacune qui contribue à l’absence de prise en compte des spécificités de ces populations par les politiques de santé. C’est une épidémie de rougeole ayant beaucoup touché les GDV en Nouvelle Aquitaine, qui incita Santé publique France à lancer une enquête de santé, aidée par l’ARS et surtout les associations connues et reconnues par ces personnes. 

Moins 10 ans

« Gens du voyage », c’est presque un oxymore, tant ils sont pour la plupart sédentarisés, leur mobilité restant plus légendaire que réelle, et parfois subie. Ils vivent sur des terrains « d’accueil » en général isolés, souvent proches de grands axes routiers ou de sites pollués, aggravant les risques toxiques lorsque l’activité économique repose sur la récupération et le ferraillage. Entre la situation socio-économique précaire (habitat, difficultés scolaires, chômage), des comportements plus à risque, des renoncements aux soins et une prévention méconnue ou négligée, leur espérance de vie est moindre de 10 ans qu’en population générale.

L’étude publiée par SpF dans le BEH* du 20 février s’intéresse à leur état de santé, leur recours aux soins et à la prévention. Elle a concerné, entre novembre 2019 et mars 2022, 670 femmes, 360 hommes et 337 enfants, avec un taux de participation excellent, 73%, probablement parce qu'elle a été co-construite et menée sur le terrain par des acteurs associatifs, formés à cet effet. Incluant uniquement des personnes francophones, l’étude ne concernait pas la population Rom, qui vit souvent en bidonvilles, et de santé largement plus dégradée encore.

Dis-moi où tu habites…

L’habitat a été jugé « adéquat » dans seulement 19,3% des cas ; 22,2% n’avaient pas l’eau courante, 41 % n’étaient pas équipés de blocs sanitaires (douche et WC) ; 42% vivaient à moins de 200 mètres d’un axe routier majeur (autoroute ou nationale) ou ferroviaire. La prévalence d’épisode dépressif majeur et la prescription de médicaments étaient significativement plus élevées en cas d’habitat précaire ou illégal.

Les adultes avaient un état de santé plutôt mauvais (comparable à celui des SDF en France !), une prévalence de l’obésité, du diabète, de l’HTA, de l’asthme de douleurs lombaires chroniques plus importante qu’en population générale, et les enfants étaient particulièrement touchés par le surpoids et l’obésité.

On retrouve deux fois plus de renoncement aux soins et presque deux fois moins de couverture vaccinale ROR deux doses (mais seulement 37% des carnets de santé ont pu être consultés), cette couverture étant d’autant plus basse que l’habitat était précaire.

Face à ces résultats, les auteurs plaident pour des actions ciblées, adaptées, et surtout pour la reconnaissance du lien habitat/état de santé, qui implique des études d’impacts pour toute nouvelle offre publique d’implantation de « terrain », ce que le grand public appelle « camps »… à tort ? 

https://www.santepubliquefrance.fr/revues/beh/bulletin-epidemiologique-hebdomadaire

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