Le RN rêve d’effacer la droite… pour mieux la remplacer
Le parti de Jordan Bardella organise ce mardi les « États généraux de l’immigration ». Une référence revendiquée à ceux du RPR de 1990 alors que le RN vise plus que jamais l’électorat traditionnel de LR.
La première fois que Marine Le Pen a été reçue à Matignon par Élisabeth Borne, alors Première ministre, elle ne s’attendait pas à entendre un discours aussi offensif sur les chômeurs : « J’étais surprise par ce discours droitard… » La cheffe du RN, adepte du « ni droite ni gauche » ne s’est jamais sentie ni revendiquée « de droite ». Mais son parti sait que ce sont dans les réserves de cet électorat — plus âgé, plus aisé que sa propre base — qu’il faut aller puiser pour espérer l’emporter en 2027. Les européennes qui arrivent sont l’occasion de lui adresser des œillades appuyées.
La tenue ce mardi d’« États généraux de l’immigration » à la Maison de la chimie à Paris en est la dernière illustration. La référence aux États généraux de l’immigration du RPR de 1990 n’est pas qu’implicite mais bruyamment revendiquée par le RN. Lors de cet évènement organisé à Villepinte (Seine-Saint-Denis), auquel Éric Zemmour avait aussi fait explicitement référence lors du lancement de sa campagne présidentielle 2022, le parti d’Alain Juppé avait formulé des propositions d’une dureté inédite en matière migratoire : fermer les frontières, réserver certaines prestations aux seuls nationaux, supprimer l’automaticité du droit du sol et du regroupement familial, affirmer l’« incompatibilité » de l’islam et des lois de la République… Autant de propositions qu’aurait trahies la droite et dont le RN serait aujourd’hui le légataire.
