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Brian Mulroney (1939-2024): une cérémonie à la hauteur de l’homme

Du début à la fin, les funérailles d’État de Brian Mulroney à la basilique Notre-Dame de Montréal furent à la hauteur de l’homme: à la fois drôles, dignes et touchantes. La cérémonie funèbre de plus de deux heures et demie, réunissant plus de mille dignitaires des quatre coins du pays, était le point culminant d’une semaine d’exposition en chapelle ardente à Ottawa et à Montréal. Ponctuée de discours, de performances musicales et de lectures de textes liturgiques, la messe catholique était orchestrée par l’archevêque de Montréal, monseigneur Christian Lépine. Le tout était précédé d’une procession funèbre officielle dans les rues enneigées du Vieux-Montréal et s’est conclu avec une salve de 19 coups de canon. Voici les moments forts de la cérémonie. 

Sa petite-fille vole la vedette

Le moment le plus émouvant de la journée, et de loin, fut lorsque Elizabeth Theodora Lapham, la fille de Caroline Mulroney, est montée sur le chœur de la basilique pour interpréter l’air préféré de son grand-père, Mais qu’est-ce que j’ai? d’Édith Piaf. Poussée par le public, la jeune femme a dû combattre les larmes avant d’entonner la chanson avec brio. Puis, elle a été rejointe par Marc Hervieux pour le classique irlandais Irish Eyes Are Smiling, qu’aimait bien chanter Brian Mulroney... et, coup de théâtre, le duo s’est arrêté pour laisser la voix chaleureuse de l’ex-premier ministre remplir la salle et bercer le public, qui a eu le souffle coupé. Un moment d’émotion particulièrement fort.

L’amour du Québec et de sa famille

La pomme n’est pas tombée loin de l’arbre: la fille aînée de Brian et Mila Mulroney, Caroline, est aujourd’hui présidente du Conseil du Trésor et ministre des Affaires francophones de l’Ontario. Elle a témoigné du «respect profond» que son père avait pour le Québec, évoquant sa conception «plurielle» du fédéralisme. «Le caractère distinct du Québec était pour lui source d’unité, et malgré le fait que ses quatre enfants et ses 16 petits-enfants vivent ailleurs, l’idée ne lui a jamais traversé l’esprit de quitter la province qui l’a vu naître. Le Québec, c’était chez lui.» On retiendra aussi de son discours son témoignage de l’amour qu’avait Brian Mulroney pour sa femme, ses enfants et ses 16 petits enfants. «Il les a gâtés avec tellement de bonbons. Il jouait avec eux dans la piscine, et il les bombardait d’encouragement et d’amour.»

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La politique dans la peau

Tribun sans pareil, Jean Charest a captivé la foule en retraçant longuement le parcours politique et les grands accomplissements de celui qui fut jadis son chef au sein du Parti progressiste-conservateur. «Brian Mulroney avait la politique dans la peau. Du Nouveau-Brunswick à la Nouvelle-Écosse en passant par le Québec, à l’Université Saint-Francis-Xavier et à l’Université Laval, la politique, pour lui, est toujours en toile de fond.» De l’ALENA aux traités écologiques, en passant par la TPS, l’ancien premier ministre libéral du Québec a su le mieux définir la contribution exceptionnelle de Brian Mulroney, «l’un de ces rares dirigeants capables de définir une époque comme la sienne».

«Un deuxième père» pour Péladeau

Pris par l’émotion, Pierre Karl Péladeau, président et chef de la direction de Québecor, a parlé de Brian Mulroney comme d’un «deuxième père». «Il fut un modèle et un exemple non seulement en affaires, mais également dans ma vie personnelle. Je dirais même qu’il m’a sûrement inspiré pour que j’aie une famille merveilleuse comme la sienne», a-t-il déclaré. Les deux hommes se sont rapprochés après le décès de Pierre Péladeau, et Brian Mulroney a fini par devenir président du CA de Québecor, malgré les divergences concernant la place du Québec dans le monde. «Monsieur Mulroney et moi ne voyions pas le futur du Canada de la même façon, mais ça n’a jamais affecté notre relation. Nous cherchions tous les deux à bâtir un monde meilleur.»

Trudeau et Gretzky

Dans un discours sobre et solennel, Justin Trudeau a témoigné de la «générosité» et du grand «charme» de Brian Mulroney, qui n’a pas hésité à réconforter son successeur dans des moments plus difficiles. «Oui, il voyait grand, mais le p’tit gars de Baie-Comeau savait garder les deux pieds fermement sur terre.» La légende du hockey Wayne Gretzky, ami personnel de Brian Mulroney depuis les années 1980, y est allé d’une allocution riche en anecdotes qui ont fait bien rire les dignitaires. «Nous avons eu tellement d’excellents orateurs, vous allez comprendre assez rapidement qui est en politique et qui est le joueur de hockey.»

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