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Après l'affaire McKinsey, l'Etat double la taille de son cabinet de conseil interne

L'agence de conseil interne de l'Etat vise 75 effectifs d'ici à la fin de l'année 2024. Objectif : répondre aux besoins croissants des ministères à qui il est demandé de faire de moins en moins appel aux cabinets de conseil privés.

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(iStock)

Par Florent Vairet

Publié le 27 mars 2024 à 11:44

Tout est parti du scandale McKinsey. Pour celles et ceux qui ne l'ont plus en tête : il a été montré que des salariés de ce cabinet de conseil en stratégie ont participé - « sur leur temps libre » avançait l'entreprise - à l'élaboration du programme du candidat Emmanuel Macron en 2017. Après son élection, un certain nombre d'entre eux ont rejoint la Macronie. Surtout, les gouvernements français du premier quinquennat d'Emmanuel Macron ont fortement eu recours à McKinsey ainsi qu'aux autres cabinets. Un recours jugé excessif par la commission d'enquête sénatoriale qui planche sur le sujet en 2022, et parle de « phénomène tentaculaire ». Rien que sur l'année 2021, elle estime que l'Etat a déboursé près de 900 millions d'euros pour s'offrir les services de ces cabinets privés.

75 consultants publics fin 2024

De son côté, la Cour des comptes dénonçait dans son rapport de juillet 2023 « une identification insuffisante des ressources internes disponibles qui conduisent les ministères à se tourner vers des intervenants extérieurs ».

L'Etat semble avoir reçu le message. Ce 26 mars, il a annoncé la montée en puissance de son agence de conseil interne. De 35 consultants fin 2023, elle en comptera 75 à la fin de l'année. « L'objectif de l'agence sera de couvrir un tiers des dépenses en prestation de conseil externe de l'Etat », explique Clotilde Reullon, la responsable de l'agence de conseil interne.

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Il faut dire que les recours aux cabinets de conseil externe ont fondu dans le sillage de l'affaire McKinsey. Si la commission les chiffrait à 900 millions d'euros annuels, le ministère de la Transformation publique les évaluait à 210 millions en 2021, et à 80 millions en 2023 soit près de trois fois moins en deux ans. « Nous avons fait un travail de rationalisation », dit-on dans l'entourage de Stanislas Guerini, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques.

L'agence se focalise sur les réformes et les politiques prioritaires de l'Etat

Cette baisse s'est naturellement accompagnée d'un recours accru des administrations aux consultants publics. « Cela fait trois ans qu'on note une croissance du besoin des ministères auprès de nos consultants », souligne Clotilde Reullon. Car si l'agence de conseil interne vient d'être inaugurée, l'Etat avait déjà quelques consultants en interne qui appuyaient les administrations mais les effectifs étaient réduits. « Aujourd'hui, les besoins d'accompagnement sont de plus en plus forts, il fallait structurer davantage notre offre de service », explique-t-elle.

Comme dans un cabinet privé, ces consultants publics sont envoyés sur des missions de durée variable, d'un mois à un an. « L'agence se focalise sur la mise en oeuvre des politiques prioritaires de l'Etat, majoritairement des projets de transformation à forts enjeux pour le gouvernement », assure celle qui est à sa tête.

Par exemple, les consultants ont, ces derniers mois, épaulé le ministère délégué à l'Enseignement et à la Formation professionnels sur la réforme du lycée professionnel. Ils ont identifié les mesures à préconiser en interrogeant les parties prenantes (élèves, parents, professeurs, chefs d'entreprise, institutionnels).

Autre mission : rendre plus facile l'accès des parents au service public de garde pour les enfants. Les consultants ont travaillé avec le ministre chargé de la petite enfance pour détecter les difficultés rencontrées par les parents et proposer de nouvelles modalités.

Une école pour aider les agents publics à devenir consultants

Pour atteindre les 75 emplois, une vingtaine de recrutements restent encore à faire dans l'année. L'agence recrute trois types de profils, parmi lesquels des consultants expérimentés, qu'elle chasse dans des cabinets privés qui interviennent déjà auprès des administrations. « Côté rémunération, ils ne perdent pas de salaire en arrivant dans la fonction publique », insiste Clotilde Reullon.

Les jeunes diplômés sont aussi recherchés (et forment actuellement un tiers des effectifs). « Nous sommes extrêmement attractifs avec 21 consultants juniors recrutés en un an, exclusivement dans les cinq meilleures écoles de commerce et d'ingénieurs, et Sciences Po Paris, avec les mêmes salaires que les cabinets conseils qui les recrutent en sortie d'école », affirme Clotilde Reullon.

Enfin, des agents déjà présents au sein de la fonction publique viennent compléter les effectifs. Une école en interne a été mise sur pied, proposant une formation initiale et continue, afin d'aider ces fonctionnaires à monter en compétences.

À noter

Pour celles et ceux qui voudraient postuler, les offres sont à retrouver sur choisirleservicepublic.gouv.fr

Florent Vairet

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