80e anniversaire du Débarquement : le choix américain du Mémorial de Caen

Le 8 mai 2024, le Mémorial inaugurera son exposition-phare conçue à l'occasion du 80e anniversaire du Débarquement. Le directeur du musée, Kléber Arhoul, a présenté ce jeudi dans le détail le contenu cette exposition qui sera visible pendant huit mois, jusqu'au 5 janvier 2025. "L'aube du siècle américain" va relater l'histoire des États-Unis entre 1919 et 1944.

Jusqu'au débarquement donc, mais sans le débarquement ! Une orientation que le directeur du Mémorial assume tout net : "Le Mémorial a fait un choix, affirme Kléber Arhoul. Ne pas parler du débarquement, ne pas parler du 6 juin 1944". C'est vrai qu'une grande moitié du musée est consacrée à la Seconde guerre mondiale, et qu'il peut paraître difficile d'innover en la matière. Et pour la direction du Mémorial, il est capital de comprendre qui étaient les soldats qui ont débarqué à Utah et Omaha, environ 25.000 hommes. Pour cela, il faut remonter le temps et comprendre les années 1920 et 1930, aux USA.

"L'Amérique du cinéma"

Cette exposition qu'on verra dans le hall du Mémorial, dans les couloirs et dans la salle d'exposition temporaire - 1.500 m2 au total - va donc raconter l'Amérique du cinéma, de la prohibition, de la crise de 1929, de Pearl Harbour (1941), mais aussi de l'invention du Monopoly (1935). L'idée est de plonger le visiteur, de manière chronologique, dans cette Amérique de l'entre-deux-guerres.

D'abord l'Amérique victorieuse de la Première guerre mondiale, celle qui construit des voitures pour le monde entier et l'Empire State Building. L'Amérique face à ses peurs aussi avec la pègre d'Al Capone et les premières tensions raciales. L'Amérique culturelle enfin, avec bien sûr le développement exponentiel du cinéma et l'émergence du surf en Californie.

Un défi muséographique et logistique

Parmi la soixantaine de pièces prêtées par différentes institutions américaines (des musées, des grands studios de cinéma comme Paramount et la Warner, des particuliers), on trouvera donc une planche de surf de 4,5m de long, le micro qui servait aux allocutions de Rossevelt à la radio, beaucoup d'extrait de films. "Je suis allé à Hollywood, explique Kléber Arhloul, et les grands studios hollywoodiens nous prêtent plein de pièces exceptionnelles, par exemple la robe qu'Ingrid Bergman portait dans Casablanca".

Et l'une des pièces qui va faire son effet, c'est certain, c'est la veste du Dictateur de Charlie Chaplin. Celle qu'il a portée quand il a incarné le rôle d'Hitler en 1940. "1919-1944, c'est évidemment la période de Chaplin, poursuit Kléber Arhoul. Il a cette intuition extraordinaire qu'Hitler est un danger, et donc il fait un film." Beaucoup d'autres pièces liées à ce film historique, seront présentées. Un véritable discours d'Hitler et un discours joué par Chaplin dans son film seront aussi mis en parallèle dans l'exposition.

Cette exposition constitue un défi pour les salariés du Mémorial puisque, évidemment, les Américains sont aussi tatillons que volontaires pour ces prêts. Il s'agira de rendre les objets en bon état. L'entrée a été fixée à dix euros pour les adultes, cinq pour les enfants. Ouverture le 8 mai à l'occasion de l'anniversaire de la capitulation allemande. Sachez aussi que le Mémorial sera complètement fermé le 6 juin prochain.