Diabète, "crises terribles de zona", Covid, infarctus... "En prison, je suis devenu l’ombre de celui que j’étais", témoigne Marc
Il y a quatre ans, Marc était en pleine forme. C’était avant d’entrer en prison.
- Publié le 26-03-2024 à 13h33
- Mis à jour le 26-03-2024 à 22h42
Marc est sorti l’an passé de prison où il purgeait une peine de quatre ans ferme. Il entamait la dernière année quand le tribunal de l’application des peines, le TAP, l’autorisait à sortir moyennant le port d’un bracelet électronique. “J’étais heureux, raconte-t-il. Mais l’agent du service de surveillance venu placer le bracelet l’a serré très fort. Je le lui ai dit mais il n’a rien voulu entendre. Et voilà le résultat”.
C’est Marc qui nous a transmis les images. La plaie où un furoncle s’est installé est à vif. Du pus suintait. La peau, brûlée par le frottement, est endommagée en profondeur. Il aurait dû attendre quinze jours, dit-il, qu’un agent se déplace pour desserrer le bracelet. “Mon médecin était scandalisé.”
15 ans sans permis
Marc C. provient des Marolles, le quartier populaire de Bruxelles. Précisons qu’il n’en était pas à son premier séjour derrière les barreaux. Cette fois, il était incarcéré pour avoir roulé quinze ans durant sans permis de conduire. Vous avez bien lu : 15 ans.
Il s’était fait coincer après un accident de roulage alors qu’il conduisait la camionnette de son employeur. C’était à Coxyde, en juillet 2019 et Marc, comme il n’avait pas de permis, avait cherché à prendre la fuite. Le tribunal de Bruges ne l’a pas raté : 4 ans ferme.
Le 18 février 2020, le Bruxellois était conduit à la prison de Bruges. Il avait 58 ans. Marc est plutôt du genre dur à cuire. “J’étais au top de ma forme. J’ai beaucoup pratiqué de sport, la boxe et la lutte libre”.
Bref, un costaud dont la santé allait considérablement de dégrader en quatre ans. “En prison, je suis devenu l’ombre de celui que j’étais”.
À Bruges, lui qui ne connaissait pas le chemin du médecin a commencé par du diabète. De la prison de Bruges, on le transférait à Beveren où sa santé n’a cessé de se détériorer. “Ils pensaient que je jouais la comédie pour obtenir des faveurs. Avec le diabète, j’ai attrapé un zona. Les crises étaient terribles, pareilles à des aiguilles qu’on vous plante dans le ventre. Ils m’ont donné de la cortisone. Diabète et cortisone ne font pas bon ménage. J’ai appris après coup qu’ils s’étaient trompés dans les dosages.”
En confiance
Après Beveren, Marc était transféré au centre pénitentiaire agricole de Ruiselede, une institution destinée aux condamnés qui ne présentent pas de risque d’évasion et sont jugés aptes à vivre en communauté. Il y est resté près de deux ans et y a attrapé le Covid. Là-dessus survenait un infarctus. “J’avais la santé d’un sportif, mes muscles ont fondu et, en quelques mois, j’avais attrapé du diabète, le zona, le Covid et pour couronner le tout, cet infarctus du myocarde. J’ai été opéré. Ils m’ont placé trois stents. Il y a eu la revalidation. Mais franchement, ils m’ont bien soigné. À Ruiselede, ils me laissaient même sortir pour me rendre à l’hôpital Sint-Andries, à Tielt. J’y allais seul deux fois par semaine, le mardi et le vendredi. Je prenais le bus. Ils me faisaient entière confiance. Je partais pour la journée. Ne pas revenir ? Je n'y ai jamais songé”.
Au bout de trois ans et demi, le TAP l’autorisait à purger le restant de la peine à domicile sous la modalité de la surveillance électronique. Bien sûr, Marc était enchanté. “Tous les détenus vous diront qu’ils préfèrent mourir dehors que vivre dedans. La prison, c’est le dernier endroit où tu veux vivre”.
Il est sorti le 13 juin 2023. Marc, qui décidait de s'établir à La Panne, se voyait placer le bracelet à la cheville droite.
Le principe est qu'ils sont contrôlés à distance 24h/24 h, 7j/7. Marc vit en appartement. Chez lui, une boîte noire, la "box ", trône sur une petite armoire, près du canapé. Elle détermine un périmètre au-delà duquel il ne peut sortir. "J'ai la chance qu'ils m'aient laissé le droit d'aller jusque sur le balcon".
De là, la vue porte sur la frontière française et l'arrière de Plopsaland. À droite, on voit la mer, dans le lointain. Marc a le droit de sortir entre 14 h et 18 h. Il fait alors ce qu'il veut.
Mauvaise nouvelle
Entre-temps, la vilaine blessure provoquée par le serrage du bracelet a guéri. "Je leur ai fait parvenir des photos de la cheville enflammée. Ils m'ont promis d'envoyer un agent mais j'ai pu attendre quinze jours. C'était douloureux, insupportable. "
Aujourd'hui, Marc se décrit comme vieilli, sans énergie, marqué par la maladie. Celui qui était en pleine forme quand il est entré en prison en 2020 vient d'apprendre un nouveau malheur. On vient maintenant de lui diagnostiquer un cancer des reins.Il est sorti le 13 juin 2023. Aujourd’hui la vilaine blessure provoquée par le bracelet a guéri. Celui qui était en pleine forme quand il est entré en prison vient d’apprendre un nouveau malheur.