1 Qu’est-ce que le traité UE-Mercosur ?
Le Mercosur rassemble cinq pays (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay et Bolivie), auxquels l’Union européenne veut s’associer pour accroître ses échanges commerciaux. Le projet de traité, dont les discussions ont commencé en 1999, entend supprimer la majorité des tarifs douaniers entre les deux zones. Objectif : créer un espace de plus de 700 millions de consommateurs.
S’il était adopté, l’accord permettrait aux pays sud-américains d’écouler vers l’Europe de la viande, du sucre, du riz, du miel, du soja… En face, l’UE exporterait ses voitures, ses machines, ses produits pharmaceutiques… D’où le fréquent surnom d’échange « viande contre voitures ».
2 La France, seule, peut-elle bloquer l’accord ?
En principe, oui. « L’accord UE-Mercosur est ce qu’on appelle un accord d’association : sa version finalisée ne peut, théoriquement, être adoptée que si tous les États membres de l’UE l’approuvent en réunion du Conseil, à l’unanimité », rappelle une note de décryptage de l’Aitec (Association internationale de techniciens, experts et chercheurs).
Dans les faits, ce n’est pas si simple. La Commission européenne pourrait, en effet, choisir de sortir le volet commercial afin de permettre l’adoption séparée de celui-ci. Dans ce cas, un vote à la majorité qualifiée suffirait. La France perdrait donc son droit de veto.
3 Quels sont aujourd’hui les rapports de force ?
Le nombre de pays européens opposés à l’accord se réduit. L’Allemagne souhaite désormais que les négociations aboutissent, notamment pour son volet industriel et son importance géostratégique. L’Espagne pousse également pour une signature rapide. « Il faut savoir que la Chine est déjà devenue le premier partenaire commercial du Brésil. Si l’Union européenne n’occupe pas la place, c’est la Chine qui la prendra », éclaire, auprès de Public Sénat, Elvire Fabry, chercheuse senior en géopolitique du commerce à l’Institut Jacques Delors.
La France conserve un poids politique suffisant pour peser sur ce dossier. Mais s’il souhaite réellement « bâtir un nouvel accord », comme il l’a déclaré lors de sa visite au Brésil, Emmanuel Macron va devoir chercher des alliés.
Pour imposer un réexamen du mandat commercial dont dispose la Commission européenne, il sera nécessaire de constituer une minorité de blocage avec les autres pays critiques de cet accord (Autriche, Irlande et Pays-Bas). En a-t-il la volonté ? Les opposants au traité en doutent, soupçonnant le président français de vouloir, avant tout, gagner du temps avant les élections européennes. Mais, au Brésil, le pessimisme gagne. « Je crains que cet accord fasse déjà partie du passé », s’inquiète, auprès des Échos, un conseiller au commerce extérieur du patronat brésilien.