Politique

Quel bilan pour la Vivaldi dans la lutte contre les violences faites aux femmes ?

L'invitée de Matin Première

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InfoPar Marine Lambrecht sur base d'une interview de Thomas Gadisseux

Cette législature aura été marquée par la loi "stop féminicides" et par l'ouverture de plusieurs centres de prise en charge des violences sexuelles (CPVS). Ce mercredi, les députés doivent se prononcer un projet de loi qui doit pérenniser l'existence de ces centres en créant un cadre légal et un financement.

Quel bilan dresser de l'action du gouvernement fédéral dans la lutte contre les violences faites aux femmes, qu'elles soient physiques ou sexuelles ? Marie-Colline Leroy (Ecolo), secrétaire d'Etat à l'Egalité des genres, à l’Egalité des chances et à la Diversité était l'invité de Thomas Gadisseux dans Matin Première. 

Empêcher un retour en arrière

En présentant ce projet de loi, Marie-Colline Leroy veut empêcher un retour en arrière. "Ces centres ne sont pas menacés, mais nous ce qu'on veut c'est que des droits acquis restent acquis", détaille la secrétaire d'Etat. "C'est-à-dire qu'on a beaucoup travaillé depuis 2017 et surtout cette législature-ci pour les droits des femmes et contre les violences liées au genre. Et donc ce qu'on veut c'est que personne, à aucun moment, ne puisse venir détricoter ça. C'est un projet unique puisqu'il rassemble hôpital, police et justice."

C'est en effet tout l'intérêt de ces centres : les victimes peuvent recevoir au même endroit des soins médicaux et psychologiques. Si elles le souhaitent, elles peuvent aussi porter plainte auprès de la police. Selon les chiffres datant de fin 2022 et disponibles sur le site web officiel des CPVS, au moins 8230 personnes ont été admises dans un CPVS belge depuis leur création. Selon une information du journal le Soir, ce chiffre grimperait à 12.456 prises en charge si on prend en compte l'année 2023. 

C'est un projet unique puisqu'il rassemble hôpital, police et justice.

"Derrière les chiffres, on découvre que dès l'instant où un CPVS ouvre, il est fréquenté. Très rapidement, des personnes passent la porte et sont correctement prises en charge", commente Marie-Colline Leroy.

Le profil des victimes admises dans les CPVS

Les centres accueillent en grande majorité des femmes : 90% des victimes admises s'identifient comme des femmes. Elles sont souvent jeunes, en moyenne 24 ans, et parfois même mineures. C'est le cas pour un tiers des victimes accueilles. "Il faut donc prendre en charge les plus jeunes de manière adaptée. Un accueil particulier et adapté pour les mineurs est prévu dans le projet de loi", poursuit-elle. 

La victime va elle-même choisir en fonction de son état d'esprit et son état de santé ce dont elle a vraiment besoin.

La Belgique compte pour l'instant dix CPVS. "Le projet pilote nait en 2017 et montre tout l'intérêt de travailler de manière multidisciplinaire pour faire en sorte que quand une victime rentre dans un centre, elle soit au centre de la prise en charge", détaille la secrétaire d'Etat.

"Elle va elle-même choisir en fonction de son état d'esprit et son état de santé ce dont elle a vraiment besoin. Est-ce qu'elle a d'abord besoin de porter plainte ? Est-ce qu'elle a d'abord besoin d'être prise en charge par un ou une infirmière ou encore par un psychologue ? C'est elle qui décide et c'est à son rythme. Elle peut même revenir quelques semaines plus tard si elle veut porter plainte."

Trois nouveaux centres prévus

Cette prise en charge permet d'ailleurs d'augmenter significativement le nombre de victimes qui portent plainte. En Belgique, on estime qu'une victime de viol sur dix porte plainte. Mais si ces victimes sont accompagnées dans un CPVS, elles sont plus de 64% à le faire ou à penser le faire. 

Aujourd'hui, enfin, on ne sous-estime plus le phénomène des violences sexuelles.

"Aujourd'hui, enfin, on ne sous-estime plus le phénomène des violences sexuelles. On s'attaque à une montagne. Mais ce qu'on doit faire maintenant, c'est accélérer la prise en charge, aider davantage, soutenir au maximum", estime Marie-Colline Leroy. A Bruxelles, en moyenne trois victimes de violences sexuelles sont prises en charge chaque jour. C'est pourquoi les autorités prévoient la création d'un nouveau centre à Halle-Vilvoorde. "Au plus près, au mieux c'est pour la victime", pointe-t-elle.

Deux autres centres sont également prévus dans le Brabant-Wallon et à Mons, "ça fait partie des accord budgétaires qu'on a obtenu dans ce gouvernement". Le futur centre dans le Brabant-Wallon doit notamment venir accompagner les victimes de violences sexuelles dans le monde estudiantin

La secrétaire d'Etat rappelle également l'importance de la prévention et de l'éducation au consentement : "Quand on rentre dans un CPVS, ça veut dire que quelque chose de grave s'est passé". "On veut prévenir et éviter que ça arrive", rappelle-t-elle. 

Sur le plan de la lutte contre les violences sexuelles, Marie-Colline Leroy dresse un bilan positif. "Ça a été une priorité de la Vivaldi de s'attaquer aux violences sexuelles, physiques et psychologiques. On a abouti à une loi 'stop féminicides', on a abouti à une loi-cadre que je présente aujourd'hui, et on a obtenu des financements qui vont avec. Pour les écologistes, c'était une grande priorité et on a avancé comme on n'a jamais avancé avant", conclut-elle. 

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