Pas de répit pour les artisans chocolatiers en ce début d’année.
Après Noël et la Saint-Valentin, Pâques arrive un peu plus tôt en 2024, le 31 mars. Alors, les poules, les cloches et les œufs en chocolat devraient de nouveau être ramassés, lors des traditionnelles chasses aux œufs…
À moins qu’une ombre ne vienne noircir le tableau.
Il manque 30 % de cacao
En effet, on évoque depuis quelques jours une pénurie de cacao et, par conséquent, une flambée des prix du chocolat. Mais qu’en est-il vraiment ?
D’habitude, les tarifs du chocolat en période de fêtes font l’objet de diverses spéculations. Là, la crise est réelle.
A l’échelle mondiale, le déficit de cacao s’élèverait à 30 % comparé aux autres années.
En cause, les mauvaises récoltes dues aux conditions climatiques dans les territoires concernés à l’instar de la Côte d’Ivoire, premier producteur au monde.
Là-bas, les intempéries et l’humidité ont endommagé les fèves et fragilisé les cacaoyers.
« Il va falloir deux voire trois années avant qu’ils ne retrouvent leur état normal », rapporte Bertil Alix, chocolatier à L’Aigle (Orne).
Une augmentation jusqu’à 40%
Pour les artisans du chocolat, récemment avertis par leurs fournisseurs, les répercussions sont énormes.
Les prix explosent et augmentent jusqu’à 40 %.
« On ne va pas avoir le choix que d’accepter les propositions qui nous seront faites », explique Bertil Alix. Le chocolatier du centre-ville de L’Aigle achète plus ou moins quatre tonnes de chocolat en pistoles chaque année.
De son côté, le pâtissier chocolatier Jonathan Joubert tente d’anticiper en précommandant le chocolat.
Les deux commerçants ont toutefois conscience des difficultés à venir.
Une augmentation qui reste limitée
« En boutique, les prix vont bouger un peu. Mais, ce sera après Pâques. On va prendre cette augmentation pour nous, en rognant notre marge. On ne voudrait pas perdre nos clients », rassure Bertil Alix, souhaitant limiter les conséquences sur le pouvoir d’achat des consommateurs.
L’artisan envisage donc de faire passer de 68 à 70 euros le kilo de chocolat.
Une augmentation limitée et semblable à celle constatée rue de Bec Ham.
Les bonbons chocolatés vont augmenter de deux euros le kilo. On ne touche pas au prix des moulages.
« Dans une ville comme L’Aigle, les prix fixés sont déjà plutôt bas, comparés aux grandes villes où le kilo peut atteindre une centaine d’euros », ajoute-t-il.
En Normandie, la moyenne serait alors de 85 euros le kilo.
Des achats plus limités cette année ?
Chaque année, les clients se ruent vers le chocolat un peu au dernier moment, à quelques jours de Pâques.
Qu’en sera-t-il à l’heure où la pénurie de cacao se mêle à l’inflation ? « Les gens vont se restreindre et un peu moins consommer », estime Jonathan Joubert.
Le budget sera peut-être plus limité, mais cela reste un petit plaisir auquel les aiglons ne manquent pas.
Quoi qu’il en soit, les artisans chocolatiers locaux sont prêts.
Ils préparent la fête pascale depuis plusieurs semaines déjà.
Des propositions gourmandes
Les belles boîtes colorées et décorées de jolis nœuds envahissent les étagères de Bertil Alix.
Jonathan Joubert joue lui la carte de l’originalité avec, cette année, des « Joubert Surprise » ainsi que des créations autour du voyage.
Des avions et montgolfières en chocolat pourraient alors se joindre aux traditionnels, mais tout aussi bons œufs et lapins.
Les supermarchés également touchés
Dans les rayons des supermarchés, les prix s’affolent aussi. Ferrero, Lindt, Kinder…
Les grandes marques ne sont évidemment pas épargnées par la hausse des prix.
La France demeure pourtant l’un des pays où on mange le plus de chocolat avec, en moyenne, plus de 7 kilos par an et par personne.
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