Culture

King Krule et James Blake : Britain's got bloody talent !

James Blake à l'AB

© RTBF – David Salomonowicz - 2013

Temps de lecture
Par David Salomonowicz

Samedi soir, l'Orangerie du Botanique accueillait une des sensations du moment en la personne de King Krule. D'ailleurs à la base, le kid de 19 printemps à peine devait sévir à la Rotonde, mais celle-ci est vite apparue trop étroite pour une telle pépite. Pourtant, en le voyant débarquer sur scène, on se dit qu'il ne ressemble à... rien. Petit rouquin de maximum 32 kilos tout mouillé. Costard trop grand. Le petit briton tête à claques par excellence. Il ouvre la bouche. Tous les préjugés s'estompent. Le gamin a de la rage. Au départ, il chante quasi faux, mais tape néanmoins chaque fois juste. Sa machoire est serrée, mais ça sort facile.

Forcément ça sonne anglais, presque Libertines sans les manières insupportables de Doherty. Vu l'origine cockney du jeune homme et du trio qui l'entoure, on sent également ça et là les influences jamaïcaines. Ca frôle le reggae par endroits, mais là où il excelle, c'est dans les mélodies lentes et les plages plus calmes. Baby blue. Out getting ribs. The Noose of Jah City. Il éructe sa nonchalance avec classe. Transmet son spleen d'adolescent chétif comme une victoire.

Il ne ressemble à rien, mais quel talent! Un peu comme si on avait mis le pied gauche de Maradona à Nicky Butt. 19 ans et le charisme d'un vieux roublard.

King Krule, sensation anglaise de 19 ans
King Krule, sensation anglaise de 19 ans © RTBF – David Salomonowicz - 2013

Déjà plus confirmé même si l'on oublie souvent qu'il n'a que 25 ans, James Blake jouait à guichets fermés à l'AB dimanche soir. Fort d'un deuxième album (Overgrown) encore plus abouti que le premier, il revenait dans une salle qui l'avait déjà acclamé pour sa première tournée il y a quasi deux ans jour pour jour.

Blake a créé un style propre et un genre musical inégalé et presque inégalable, aux frontières du trip-hop, de l'ambient et de la house minimale. Difficile de lui trouver un nom et au final, peu importe. Nul besoin de nom pour citer les cieux. En quelques années d'exercice, il a pris une réelle dimension et a grandi en même temps que ses morceaux à qui il donne encore une autre couleur en live.

Car voir l'Anglais en concert, c'est être transporté dans une bulle. Etre en apesanteur. Frôler les nuages et côtoyer les cimes.  Blake s'excuse d'avoir mal à la gorge et espère que sa voix passe bien malgré un hoquet persistant... Hallucinant de l'apprendre quand on reçoit ce qu'on reçoit comme sensations auditives. On savait le bonhomme timide et humble, il a pris de l'assurance. Se livre plus. Ose même quelques pointes d'humour british.

Il balaye ses deux formidables albums avec des fulgurances comme Retrograde, The Whilelm Scream ou To the last et fait vibrer tout notre corps grâce à des basses hallucinantes qu'il a désormais appris à gérer comme sur Limit to your love ou I am sold. Bouscule tout sur son passage avec de l'électro à la rythmique quasi tribale sur CMYK, Klavierwerke et Voyeur. Et lui aussi n'est jamais aussi profond que dans le minimalisme, quand il vient seul au piano reprendre A case of you de Joni Mitchell et quand le silence envahit la cathédrale bruxelloise lors de Measurements en rappel.

C'est juste comme à chaque fois divin, pro de bout en bout et intacte comme une goutte d'eau de source cristalline. Musicalement, il se repose aussi les yeux fermés sur ses deux formidables acolytes à qui il ne manque pas de rendre un hommage appuyé tout comme la foule, consciente que telle magie ne peut provenir d'un seul homme. Comme King Krule et ses géniaux musicos, c'est toute cette jeunesse britannique qui vient nous faire des démonstrations de classe. Il n'y a pas de secret. L'enseignement anglais force presque les élèves à jouer d'un instrument... Pas de fumée sans feu, ni de génies sans éducation... Jouïssive Albion !

 

Les Setlists :

King Krule : Has this it / Ceiling / Bleak bake / Ocean Bed / Grayscale / A lizard state / Krokodile / The Noose of Jah City  / Baby Blue / Rock Bottom / Out getting ribs / easy Easy.     ENCORE : La Lune

James Blake : I never learnt to share / To the last / Life round here / Air & Lack thereof / CMYK / Overgrown / I am sold / Unluck / A case of you / Lindisfarne 1 & 2 / Limit to your love  / Klavierwerke / Voyeur / Retrograde / The Whilelm Scream.    ENCORE : Measurements

 

David Salomonowicz

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma... Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Sur le même sujet

Articles recommandés pour vous