Lino Ventura, Claude François, Johnny... Les gens ne verront plus jamais ça! C’était le rendez-vous de la Dracénie, et même au-delà

Durant ses années fastes, la Foire de l’olive attirait des milliers de personnes en soirée. Avec Claude François parmi les célébrités, l’édition de 1975, présidée par Max Piselli, battait des records.

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Carola Czernecki Publié le 24/03/2024 à 16:00, mis à jour le 25/03/2024 à 08:44
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La Foire de l’olive accueillait de nombreuses personnalités, à l’image de Claude François. Photo Archives

Si les coupures de presse des journaux relatant le quotidien de la Foire de l’olive ont jauni avec le temps, les souvenirs, eux, n’ont pas pris une ride.

Max Piselli, ancien maire de Draguignan, âgé de 85 ans, se trouvait alors en première ligne d’une manifestation reconnue dans tout le département. "Cette foire avait un succès fou, explique-t-il. Elle était importante pour la vie économique. Tous les commerçants y exposaient. Et le soir, les plus grands noms du music-hall français s’y produisaient."

À l’époque, Édouard Soldani, maire de la ville, sénateur et président du conseil général, portait haut et fort les couleurs de la Foire de l’olive dans tout le département.

Environ 35 000 et 40 000 visiteurs par foire

Dans les années soixante-dix, Max Piselli qui tient un commerce de quincaillerie intègre le comité de la foire: "J’ai été élu président en 1974". Des années plus tard, il officiera en tant que maire de la commune durant quatre mandats. Il accepte de revenir sur ces spectacles d’exception. Il énumère les noms des nombreuses vedettes que le public venait applaudir chaque soir…

Pour 5 francs: "En 66, il y avait Mireille Mathieu, Guy Béart, Rika Zaraï, etc (1). En 1978, on a eu Johnny, il a attiré un monde fou! Il était d’une beauté fantastique, avec ses yeux d’acier. Les gens sautaient les barrières, s’exclame-t-il. Il s’est approché du public en clamant: 'Y a-t-il quelqu'un qui m’aime ici ce soir?' La foule s’est mise à crier… On a eu très peur. C’était énorme, lâche l’ancien élu. Vous vous rendez compte de ce qu’on apportait aux Dracénois ? Il y avait environ 35 000 à 40 000 visiteurs par foire. Les gens ne verront plus jamais ça ! Jamais plus aucune association ne le fera."

À elle seule, l’édition de 1975 accueillait neuf têtes d’affiche, parmi lesquels Alain Chamfort, Claude François, Eddy Mitchell… Et Michel Sardou. Rien que ça! C’était après "le coup bas de la préfecture (2), il fallait montrer que la foire était un élément de renaissance pour la ville".

C’est donc Alain Poher, président du Sénat et 2e personnage de l’État en personne qui inaugura la manifestation, en juillet. Une sorte de "gage d’espoir, pour redémarrer", livre Max Piselli.

La Foire de l’olive accueillait de nombreuses personnalités, à l’image de Lino Ventura. Photo DR et Florian Escoffier.

"Claude François n’était pas dans un état normal"

Cette même année, un des spectacles ne s’est pas déroulé comme prévu. Les articles de presse de l’époque en témoignent: "Cloclo nous a offert une parodie de spectacle… À public monstre, spectacle minimum, triste paradoxe… Si le téléphone pleure, le public a sifflé", écrit le journal Nice-Matin dans ses colonnes. "Une attitude scandaleuse envers le public… Sa prestation mérite plus les huées que les millions qu’il a encaissés", pouvait-on lire du côté de Var-matin.

L’ancien élu confirme une situation ubuesque: "Quand Claude François est arrivé sur scène, il n’était pas dans un état normal, se souvient le président de l’époque. Aurait-il bu dans sa loge juste avant? Il chantait en tournant le dos à la scène, incroyable, s’exclame l’ancien maire. En repartant en voiture après le spectacle, il est monté avec deux roues sur le terre-plein du boulevard… Ensuite, nous n’avons plus eu de nouvelles."

Les yeux rivés sur le programme de "cette année-là", Max Piselli cite les noms des membres du comité, avec un brin de nostalgie : "Ça me fait plaisir de revoir tout ça, je pense avoir été un président qui compte un peu. Je me suis fait connaître par mon action, et j’ai apporté un peu de bonheur aux Dracénois."

"C’était une manifestation populaire qui permettait aux gens de se retrouver, le rendez-vous de la Dracénie, et même au-delà". Depuis des semaines, Antony Aloisi, ravive la mémoire des locaux.

Responsable de l’Agence dracénoise sur le boulevard Clemenceau, il publie régulièrement sur ses réseaux sociaux des coupures de presse de l’époque relatant un épisode de la Foire de l’olive. "Je suis surpris de la résonance que ça a", confie-t-il.

L’ancien maire de Draguignan, Max Piselli, évoque une manifestation digne des plus grandes. Photo C. Cz..

"Biberonné à la Foire de l’olive"

Articles, photos des inaugurations en présence de personnalités telles que Michel Rocard, Gaston Defferre ou encore Lino Ventura, il préserve précieusement tous ces documents dans une pochette en carton. Et pour cause. Il est le petit-fils de Felix Franceschi, ancien correspondant de presse à Nice-Matin, faisant partie des membres fondateurs de la "Foire provençale de l’olive".

Antony a collectionné tous les programmes de la foire, depuis sa création "pour soutenir la filière oléicole", en 1954. "C’est ma madeleine de Proust… J’ai 50 ans et j’ai été biberonné à la Foire de l’olive (rires). Dès que j’ai été en âge, j’allais y travailler avec les frères Serge et Laurent Begnis, on était les hommes à tout faire des artistes."

Il se souvient de la grève des musiciens de Francis Lalanne, "nous avons fait ouvrir le magasin Rapsody pour lui trouver une guitare", ou encore d’avoir dû louer sa batterie au chanteur britannique Murray Head qui avait perdu la sienne durant son voyage: "Je l’ai loué au prix que je l’avais acheté", lâche-t-il. Après les spectacles, les artistes venaient boire un verre chez son père, Jean-Pierre Aloisi: "C’était bon enfant, tous les membres étaient des bénévoles. C’est d'ailleurs ce qui faisait la force de la foire au début… Et sa faiblesse à la fin."

L’évolution des normes de sécurité étant telle qu’il n’était plus possible de gérer l’affluence du public. "Je me souviens du concert de Boney M, il y avait tellement de monde que je n’arrivais pas à ramener la cassette jusqu’à la régie pour le concert". Et de conclure: "Je n’ai jamais demandé d’autographes ni pris de photos avec les célébrités… Je l’ai regretté plus tard."

Antony a collectionné tous les programmes de la foire, depuis sa création "pour soutenir la filière oléicole", en 1954. Photo C. Cz..

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