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À la commission d’enquête sur la TNT, le tribunal à l’Assemblée

PROCÈS. La commission d’enquête voulue par LFI risque de se conclure de la pire des manières pour les Insoumis. Les députés auditionneront cette semaine Yann Barthès, qui refuse d’inviter le RN.

Jules Torres
Les deux visages de la commission : le rapporteur Aurélien Saintoul (à g.) et le président Quentin Bataillon (à d.).
Les deux visages de la commission : le rapporteur Aurélien Saintoul (à g.) et le président Quentin Bataillon (à d.). SIPA / © Jacques Witt

L’ambition des parlementaires de la Nupes était affichée dès le départ : « Stop C8 et CNews ! » affirmait la députée Sophie Taillé-Polian. Ainsi, le ton inquisitorial des auditions par la commission d’enquête « sur l’attribution, le contenu et le contrôle des autorisations » des chaînes TNT n’a surpris personne. En fait d’audition, on a assisté à un procès à charge des chaînes CNews et C8 instruit par les élus de la Nupes.

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Le député macroniste Karl Olive décrit le scénario d’un procès écrit à l’avance : « La “Garde à vue” avec l’audition des dirigeants de Canal + et des journalistes de CNews. Ensuite, “Faites entrer l’accusé” avec Vincent Bolloré. Et enfin, “Les Tontons flingueurs” avec Cyril Hanouna. »

Un traitement de défaveur visible dès les premières auditions : « Nous recevoir pour une journée entière d’auditions quand TF1, Altice, NRJ Group ou M6 l’ont été pour deux heures en moyenne interroge sur l’impartialité de vos travaux », souligne Maxime Saada, président du directoire du Groupe Canal +. Le caractère accusatoire à l’endroit des chaînes impies s’entend également dans l’orientation des questions posées. « Condamnez-vous l’assassinat de journalistes palestiniens et la censure du gouvernement israélien ? » interroge Aurélien Saintoul en s’adressant à Serge Nedjar de CNews. On s’interroge alors sur le lien avec l’attribution des chaînes de TNT.

« Si ces personnes prenaient le pouvoir, ils nous couperaient la tête »

Les participants, tant les députés que les auditionnés, ont souvent l’impression de siéger dans un tribunal. « C’est un réquisitoire plus qu’une question », fait remarquer à plusieurs reprises Serge Nedjar. « La commission m’a offert une expérience semblable à un voyage dans le temps, me faisant revivre l’ère de l’Inquisition », témoigne Laurent Jacobelli, député RN. Un membre important de la commission note : « Si ces personnes prenaient le pouvoir, la guillotine nous attendrait : ils nous couperaient la tête. »

Toutefois, comme le public assistant à un film, ou des jurés dans un tribunal, l’opinion peut basculer à des moments clés. Ainsi, lors de l’audition de Vincent Bolloré, le 13 mars, au cours de laquelle le contraste entre le portrait à charge brossé par les députés et les réponses de l’auditionné éclairait crûment les intentions malveillantes des contempteurs.

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Une commission d’enquête contre M. Bolloré ?

De même avec Cyril Hanouna, attaqué dès l’introduction sur le montant de ses revenus : « Je peux suggérer respectueusement que vous pensiez à réduire votre salaire », incrimine Aurélien Saintoul. Approche glissante, voire hors de propos, à l’endroit de l’animateur de Touche pas à mon poste. Le journal Le Monde en convient : les députés se sont montrés « incapables de tenir réellement tête à leur auditionné », permettant à Cyril Hanouna de prendre « l’avantage sur la commission parlementaire, mal armée pour empêcher des plaidoyers pro domo ».

L’audition de Rachida Dati fut également un tournant. Face à des questions très éloignées du sujet TNT, mais cherchant davantage à fragiliser la ministre, la riposte a été cinglante : « C’est une question curieuse » ; « Je n’irai pas là où vous voulez en venir » ; « C’est une commission d’enquête contre M. Bolloré ? » Face aux insinuations sibyllines et attaques personnelles, Dati contre-attaque et recadre plusieurs fois Aurélien Saintoul. Quitte à s’emporter. Certains députés, eux-mêmes mal à l’aise, s’attendaient à ce qu’elle finisse par écourter sa présence devant la commission d’enquête.

La France insoumise s’est piégée elle-même

Conclusion : les rôles se sont inversés pour les Insoumis, avec un rapporteur temporairement privé de micro par le président Renaissance de la commission, Quentin Bataillon qui a mené remarquablement les auditions. Au lieu de faire le procès de CNews, LFI s’est piégée elle-même. Avant le rapport final, la commission, sur demande du député RN Thomas Ménagé, auditionnera Yann Barthès, qui devra répondre de son choix de ne pas inviter d’élus RN dans Quotidien. Le RN en avait rêvé, Saintoul l’a fait !

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