Ce sont trois vies de militants pour la santé publique. Tous les trois se fréquentent peu, ne se ressemblent pas, si ce n’est qu’ils partagent une même obstination. L’une est une passionnée, l’autre est peut-être plus politique, quant à la dernière, elle est farouchement solitaire. Mais tous les trois ont fait avancer, comme personne, la santé publique en France, éternel parent pauvre dans notre pays. Par le hasard d’un colloque organisé du 21 au 23 mars par le campus Condorcet, à Aubervilliers, sur le thème «Prendre soin» (un événement parrainé par Libération), les voilà programmés et censés se retrouver sur scène. Même s’ils ne furent finalement que deux, il y avait quelque chose d’attachant et d’impressionnant à les entendre, car c’est tout un pan des grandes batailles de ces trente dernières années qui a alors défilé. Pas uniquement l’histoire de combats perdus.
«Ça continue comme avant»
Irène Frachon, pneumologue lanceuse d’alerte inlassable sur le scandale du Mediator : elle est là, répond toujours présente. Sur son téléphone portable, elle vous montre aussitôt des demandes d’expertise de malades. «Cela n’arrête pas, dit-elle. Et mon engagement reste identique.» Depuis quelques mois, elle a certes diminué fortement son activité comme médecin au CHU de Brest pour se consacrer à des permanences de pneumologue dans l’hôpital bien isolé de Carhaix. Mais les suites